Nous voilà repartis pour une aventure et un nouveau projet dans le quartier de l’Oly dans l’Essonne. Merci à tous de nous suivre, de lire nos aventures et d’être attentifs à toutes les choses que nous racontons et qui nous tiennent à cœur. Nous essayons d’être le plus juste, le plus honnête et depuis le début nous abordons notre site comme un journal de bord avec des hauts et des bas, des moments de doutes et de joies. C’est pour cela que parfois les textes sont longs, et nous nous disons dit que c’est une trace de notre histoire et de ceux et celles qui l’écrivent avec nous. Un jour, nous ne savons quand, nous aimerions vraiment sortir un gros bouquin qui inscrit encore plus cela tel un devoir de mémoire. Affaire à suivre.

Nous souhaitons avec cette nouvelle peinture, dans la continuité de notre fresque au Mirail il y a quelques semaines mettre en avant la place des femmes dans l’espace public et dans la société dans laquelle nous évoluons, nous poser des questions sur l’avenir, le passage de l’enfance, l’adolescence à la vie adulte, la transmission de générations en générations, de la notre des années 90 aux nouvelles et surtout faire un immense clin d’œil à toutes ces choses du quotidien que nous oublions de regarder avec un regard nouveau et un œil amoureux. Nous parlons ici, des choses simples de la vie de tous les jours, de toute cette poésie omniprésente autour de nous, que nous avons tendance à oublier ou malheureusement à ne pas regarder du bon œil… Malheureusement, c’est parfois quand nous perdons les choses ou que nous ne les avons plus que nous nous rendons compte à quel point elles sont précieuses.

Une bande de jeunes à l’abri bus, des temps d’attentes quasi inacceptables, un ciel tout gris, des panneaux, des murailles en métal, le spleen des jours qui passent, un sourire maladroit, une peinture abîmée, un vieil objet, des fenêtres et des bâtiments qui s’entassent jusqu’au ciel, une forêt où les arbres sont nus ou quand les feuilles changent de couleurs chaque heure, les ronds points en banlieue ou les routes en lacets qui grimpent dans les nuages. C’est cela la poésie du quotidien, notre plus grande source d’inspiration en tant qu’artistes, que personne ne pourra nous prendre. Nous parlons ici des choses simples, de la vie de tous les jours, de toute cette poésie omniprésente autour de nous que nous avons tendance et à ne pas accepter voir, regarder. A nos yeux, la vraie poésie, l’amour et les choses que l’on trouve les plus belles sont celles du quotidien, celle de la vie de tous les jours. La beauté du ciel d’un bâtiment qui se plonge dans les nuages, un visage fermé, le cœur ouvert, les défauts que la société dans laquelle nous vivons pointe du doigt, la beauté des fenêtres qui se succèdent dans un décor peu coloré, des arbres à moitié morts mais qui persistent quoi qu’il arrive. Des panneaux, des murailles en métal, un jogging soigneusement posé sur une paire de basket, un sourire maladroit, une peinture abîmée, tant de choses, de trucs, de personnes, de gens…

Le temps file, les jours passent. Une année complète s’est écoulée entre notre première et notre nouvelle fresque dans le quartier de l’Oly. La vie est parfois bien triste et rien n’a changé depuis l’an passé. Lorsque l’on arrive et que la première silhouette des bâtiments se dessine dans un ciel tout aussi gris, des centaines de souvenirs réapparaissent. Rien n’a changé. C’est exactement le même sentiment que lorsque l’on revoit un vieux pote, un ami de longue de longue date, l’apparence et le sourire, le regard et la dégaine n’a pas changé. Mais, lorsque l’on creuse un peu, lorsque l’on pose des questions, lorsque l’on s’intéresse d’un peu plus prêt, le cœur du quartier, son âme est abîmé d’une année supplémentaire. Certaines rides se dessinent sur le visage tout triste mais rendent le quartier plus beau alors que certaines balafres le rendent plus triste. Certaines nouvelles sont dures à encaisser. On arrive au milieu des tours, slalome entre les dos d’âne et les pigeons et se sont les mêmes jeunes qui tiennent les lieux, le premier accueil que l’on reçoit est très chaleureux. C’est comme si nous étions partis hier et  ça nous touche beaucoup. Même si certaines tronches manquent à l’appel, nous sommes très heureux de revoir tout le monde, les jeunes d’en bas se rappellent de nos premiers blazes. Il y a beaucoup de respect et d’amour.

De l’amitié, des temps de partages et de la spontanéité à foison s’imbriquent dans les rues et dans nos cœurs. La liste de ce que nous retiendrons est bien longue. Des grandes victoires et des petites, des barres de rire et des sourires en barre, une autodérision présente, des arbres de toutes les couleurs comme les gens, des fenêtres sans balcon ou des balcons sans fenêtre, le linge qui sèche même sous la pluie, des personnes de toutes les origines, toutes les religions se succèdent à la file indienne, une solidarité débordante, de l’entraide à chaque étage bercé par un quotidien parfois triste et morose, des  jeunes qui accumulent un bon nombre de conneries, les 400 coups mais tous les jours… Certains travaillent durs pour des salaires insuffisants, un bar tabac ou les joueurs font la queue, la covid19 n’est pas la première des préoccupations. Des odeurs de nourriture s’échappent des appartements pour  remplir les ruelles et les espaces vides, donner le sourire et surtout creuser la faim. Nous ne sommes pas prêts d’oublier que malgré le grand nombre de galères que la vie nous a amenés sur ce projet nous sommes allés et arrivés au bout. La liste est longue et nous prendrons soin de vous en lister quelques-unes. Mais, pour commencer plongeons-nous dans ce projet. Mille mercis de nous lire et de nous suivre sur chaque étape qui construit Sismikazot.

Nous avons eu un groupe d’une dizaine de jeunes à nos côtés pour nous épauler, encadrés par Nathan et l’Espace Jeune Intercommunal de l’Oly. Sans rien vous cacher, l’ambiance a parfois été compliquée à gérer parfois même pesante. Mais, nous sommes arrivés au bout.

Sur chacun des projets que nous réalisons, nous demandons et c’est primordial à nos yeux, d’avoir carte blanche sur le choix du visuel et de la maquette. C’est tout à fait normal que les gens établissent un petit cahier des charges, qu’ils nous fassent part de certains points, envies, idées… Nous écoutons tout cela et nous peindrons le quotidien.

Nous nous appuyons sur le fait que nous sommes des artistes peintres et non des artisans d’art. Parfois, les gens aimeraient nous dicter ce qu’ils aimeraient que l’on fasse, parfois même des choses qui ne ressemblent pas du tout à nous. Sachant qu’en plus de tout cela, nous ne peignons pas de manière égoïste, que pour nous, sinon nous le ferions dans un endroit clos loin des regards et des passants. Nous gardons toujours en tête et c’est important dans notre manière d’avancer, de l’endroit où la    fresque va être réalisée, nous questionnons la population avant d’avoir le plus de réponses et d’écrits possible, de phrases qui finiront peut-être sur le mur. Nous cherchons dans tous ces mots un titre ou un punch line qui appuiera le visuel que nous avons choisi au préalable. Nous ne peignons que nos propres photos.

L’an passé ici à l’Oly, nous avions déjà eu un grand contre temps. Chaque personne a voulu mettre son nez dans nos affaires. Tout le monde voulait choisir un visuel, son idée… Nous n’avions pas lâché et même si ce n’était vraiment pas facile, nous étions allés jusqu’au bout, pour le plus grand bonheur de tous et la plus grande satisfaction. A la fin, tout le monde c’était vraiment rendu compte de cette importance majeure et cette satisfaction artistique et culturelle que le quartier a connu et reconnu. Nous étions fiers mais déjà épuisés par tous ces combats.

Cette année, nous avons flanché et dit oui. Lorsque nous avons été ok pour revenir, nous avons émis une seule et importante condition. Nous ne voulons pas montrer de visuel avant ni dans le quartier, ni aux politiques. Pas d’histoires, pas d’embrouilles. Nous avons souligné le fait que l’espace jeune choisi des artistes et non une image. Et malheureusement, nous nous sommes trompés sur toute la ligne. Nous allons prendre quelques lignes pour vous expliquer ce qu’il s’est passé cette année.

Début mars, alors que le projet est déjà dans la boîte depuis quelques mois déjà, nous envoyons un long mail où il est clairement écrit : «  nous aimerions que vous nous fassiez entièrement confiance cette fois-ci. Nous ne montrerons pas de maquette mais mettrons tout en œuvre pour qu’il soit complémentaire avec l’autre et aussi fort. On a vu les problèmes que peuvent impliquer le fait de montrer une simple image l’an dernier. »

Nous avons eu très peu de réponse. Puis, il y a eu le confinement, la propagation du virus mais comme pour plein de choses, nous refusons que ce soit une excuse ou un alibi. Ensuite, le directeur de la structure est parti. Le dossier est passé de mains en mains. Nous sommes en septembre lorsque nous avons réellement des nouvelles. Le projet va se faire c’est sûr. Nous rappelons, on nous rappelle. Nous échangeons avec certaines personnes. Puis, quelques jours avant notre départ, alors que nous avions choisi l’image principale, une des mairies demande de voir le visuel pour une validation. Nous ne sommes pas très contents mais nous nous disons que ça va le faire. La cité de l’Oly est située entre deux communes. C’est madame le maire de Montgeron qui exige cela, sinon elle ne donnera pas son accord. Nous sommes dans notre atelier, il nous reste trois jours pour faire la maquette, préparer les couleurs et charger le camion. On ne dirait pas comme ça, mais c’est énormément de travail et les heures sont comptées. Nous demandons une confirmation avant le mardi midi alors que nous prenions la route le lendemain. 12H30 toujours aucune nouvelle alors nous envoyons un petit mail pour nous manifester. Nous recevons : « Tout est ok pour les élus, nous avons le feu vert ». Nous sommes un peu dubitatifs mais nous nous disons que c’est bon. C’est alors que s’enchaîne des heures de préparation comme avant chaque réalisation. Nous nous plongeons dans nos stocks de peinture, nous cherchons des couleurs, nous en faisons fabriquer à notre fournisseur. Nous réfléchissons à la maquette, aux questions que nous allons poser aux jeunes et à la population. Nous nous quittons le mercredi en fin d’après midi, déjà un peu tard alors que nos vies personnelles nous attendent. Rémi doit partir à Rome pour un baptême. Il sera 21h quand il quittera l’atelier pour se rendre en région toulousaine. En fin, fin, fin d’après midi, une personne nous appelle avec son blabla habituel pour nous annoncer que madame le maire se retire du projet car la personne que nous allons peindre n’est à ses yeux pas assez souriante. Nous baignons dans une nullité et un tas de merde incroyable. Nous nous demandons même si ce n’est pas un sketch ou peut être même que nous sommes en train d’être piégés. Mais non ce n’est pas une blague. Sa mairie devait payer notre logement et le moyen d’élévation de type nacelle. Le mail : « Tout est ok. » Ce n’est pas du tout ok. On ne va pas changer de fusil d’épaule et nous sommes et restons persuadé de notre choix de visuel, d’image et de message. Nous prendrons la route le lundi. Chose hyper forte et très positive, pour la première fois de notre courte carrière, Nous partons à trois. Cette fois dans nos valises, il y a Marie, plus connue sous le nom de Marie Thoisy. Marie est notre amie et notre voisine d’atelier. Elle vit à Cornac dans le Lot depuis 2003. Cornac est le village où nous avons notre atelier depuis 2014, lorsque nous avons appris à nous connaitre au fil des jours et des rencontres, nous nous sommes rendu compte de beaucoup de points communs. Nous peignons comme elle des scènes de vie et tout comme elle, il y a énormément d’écritures dans nos projets et de social.

Marie a été illustratrice à Paris pendant 25 ans notamment pour les boss de l’industrie jeunesse, presse et fabricant de jouets : Nathan, Larousse, Flammarion, Hachette, Gallimard, Bayard et tant d’autres… Aujourd’hui, elle roule sa bosse dans des expos, des ateliers avec les tous petits et excelle dans la réalisation de carnets de voyage.

Voici un lien supplémentaire pour découvrir les carnets de voyage de Marie…

https://www.marie-thoisylounis.com/carnets-de-voyage/

Le projet que nous voulons mener ensemble s’intitule CROISEMENT, rentrer dans l’univers l’un de l’autre…

Nous avons choisi l’Oly comme terrain de jeu !!!

L’idée est que Marie, aussi discrète soit elle, nous suive partout et crée plein de dessins sur place avec nous pendant nos activités et actions diverses. Au fil des jours, elle s’inspirera aussi du quartier pour faire des dessins et raconter cette aventure avec son œil.

Le but de tout ça, en plus de vivre une nouvelle aventure riche humainement et artistiquement est de mettre en lumière le quartier et ce genre de projet. Elle ferait en quelques sorte un travail de journalisme et capterait des moments forts de notre venue à l’Oly, et de ce que dégage humainement ce quartier et les gens qui y vivent car nous avons de notre coté été très sensibles à ce projet que nous avons adoré en 2019.

L’expo que nous avons décidé de créer était prévue début décembre. Elle sera certainement un peu repoussée. Affaire  à suivre. Nous avons tout de même décidé de la créer, pour pouvoir l’exposer un jour.

Revenons-en à nos moutons et les petits problèmes que nous avons rencontrés. La personne qui nous a demandé la maquette afin de la faire valider aux politiques a eu l’excellente idée de l’envoyer à l’espace jeunes et donc la dizaine de personnes qui y travaille. Lors du premier jour, nous étions censés attaquer avec un groupe de jeunes constitué au préalable. Le rendez-vous était fixé à 9h30 pour attaquer notre semaine qu’ils ont nommé « Street art »… Nous arrivons pour 9h30, sachant très bien que nous ne sommes pas du tout encore arrivés au bout de nos surprises.

Nous comprenons très vite que sur 13, seul trois jeunes sont là, les autres sont soit pas du tout arrivés soit sur une autre activité. Nous prenons alors notre temps et nous attendons. Pour tout vous avouer l’attente ce n’est pas trop notre truc. Sofiane que nous connaissons bien de l’an dernier est le nouveau directeur. Il nous fait bien comprendre qu’avant de démarrer nous allons faire une petite réunion tous ensembles avec l’équipe pédagogique afin de faire connaissance et nous comprenons vite, parler de la « maquette ». Encore. Cette image ne plaît pas à grand monde dans l’équipe. Ça devient dur à encaisser et surtout nous devons encore et encore expliquer notre démarche. Il y a un pas énorme entre la photo qu’ils voient et la peinture qui sera sur le mur. Nous nous blindons, nous ne retournons pas notre veste et surtout nous essayons de garder le cap, le sourire et l’envie d’avancer. C’est dur mais nous arrivons à convaincre la majorité des gens présents. Nous avons hâte d’être à dans quelques jours pour avancer au mieux et d’être vraiment dans le bain. Après de longues discussions, tout le monde à l’air quand même content de notre présence.

C’est la première fois que nous revenons au même endroit.

Nous commençons réellement le projet avec une journée de retard sauf que ce qui est compliqué (et malheureusement les gens ont du mal à le comprendre) c’est que maintenant ça va être à nous de cravacher pour arriver au bout en temps et en heure. Maintenant, ça va être un combat contre la montre mais aussi et surtout contre la météo. En plus on change d’heure… Chose qui est quand même très bizarre dans le cerveau humain, enfin dans le notre surtout c’est que quelques jours après le début nous oublions presque tout ce qui s’est passé. Mais, cette fois pour ne pas perdre plus de plumes, pour garder la tête haute, être bien dans nos baskets, pour que notre métier continue de rester une passion, un mode de vie, il est sûr que nous ne reviendrons pas à l’Oly pour un projet et une fresque. En revanche, ce qui est sûr c’est que nous repasserons pour dîners, de la mal bouffe ou des petits plats des quatre coins de la planète, des couscous, celui de Nassera ou de Fatima en priorité, chécker nos potes en bas du timen-Ba, montrer notre dernière voiture ou partager nos dernières photos instagram, promener les chiens avec Djamila, boire un jus de pomme dans un verre de vin chez Sofiane, in challah avec sa femme et ses huit enfants, se faire un foot ou un basket avec samba, petite crêpe avec Nathan… Et bien sûr encore des dizaines d’activités que nous apprécions.

Plus nous vieillissons et moins nous avons envie de faire de concessions. Nous sommes artistes peintres et à notre plus triste regret, nous ne peignons pas assez. Nous nous posons toujours pleins de questions. Ce qui est sûr, c’est que personne, encore moins les politiques se rendent compte que tous les mails, les aller retour, les blablas, les techniques d’endormissement nous épuisent vraiment et ne nous mèneront pas bien loin.

Bref, passons aux choses positives car forcément, il y en a plein et il y en aura toujours. Heureusement.

Lorsque nous arrivons la plupart des jeunes n’ont pas d’idées précises de  ce que nous allons réaliser. Ce sera à nous de les amener dans des contrées qu’ils ne connaissent pas particulièrement.

Dès le premier jour, nous faisons connaissance avec notre équipe de choc. Nous ne savons pas trop encore, s’ils seront 8, 10, 12 ou 13. Pas plus nous espèrons. Nous verrons par la suite ceux qui resteront et ceux qui laisseront le train partir au loin, sans le regarder ou en lui faisant coucou. Ce qui est malheureux dans nos activités, c’est que nous sommes souvent programmés en face et aux mêmes  moments que d’autres loisirs ou de consommations. C’est parfois le cas avec les colos. Quand on est ado, choisir entre laser Game, cocooning, films d’horreur, tournoi FIFA avec écriture, théâtre ou peinture abstraite, c ‘est vite réglé.

Nous demandons au maximum à notre groupe de s’investir du début afin que notre projet soit humainement, intellectuellement, culturellement et artistiquement le plus bénéfique possible.

Malheureusement certains jeunes ou certains adultes ne le comprennent pas. Ce que nous remarquons aussi dans les quartiers populaires, c’est que les espaces de travail ne sont pas très calmes. Parfois, nous nous extirperons alors dans l’école Nelson Mandela pas très loin afin de trouver ce calme nécessaire pour avancer dans notre projet.

Comme nous le répétons souvent sur les réseaux sociaux ou lors de nos comptes rendus, lorsque nous sommes partisans, lorsque nous intervenons auprès de jeunes pour leur faire vivre au maximum notre vie d’artiste. C’est pour cela que nous essayons de les impliquer au mieux dans l’aventure, aussi bien dans la communication, dans l’approche auprès des habitants, la peinture, la gestion du matériel et tant d’autres aspects aussi importants les uns que les autres.

En parallèle de tout cela, nous menons certains ateliers qui à nos yeux sont indispensables pour une bonne gestion de projet. Nous voulons aussi montrer à tous, au travers de cela, que vivre de sa passion c’est bien mais c’est un investissement important.

Nous avons eu aussi tous ensembles la chance énorme de réaliser un mur entièrement de graffiti au sein du quartier sur le mur du front balle. Vous avez certainement dû découvrir de nombreuses photos lorsque vous avez visionné l’article au-dessus.

Petit retour sur trois ateliers menés avec l’équipe :

ATELIER D’ECRITURE :

Ce moment unique dans une toute petite salle cachée au fond de l’école Nelson Mandela qui est située entre la fresque et l’Espace Jeunes. Certains sont même partis en cours de route car ils avaient de nouvelles activités à côtés, mais nous avons passé un moment fabuleux avec ceux qui sont restés. Nous parlons de tout, nous sommes studieux et le résultat de nos échanges est fort et constructif.

Dans un premier temps, nous analysons en quoi l’écriture est importante et surtout à quoi elle nous sert dans notre quotidien, la facilité que nous pouvons avoir si nous nous concentrons et que nous essayons de décrire les choses au mieux. En pratique, nous avons choisi d’écrire des cartes postales… et de rédiger des textes plus intimes avant que chacun découvre et réponde aux questions que nous allons poser dans la rue et aux gens du quartier.

Voici quelques bouts de textes récupérés à la fin de l’atelier d’écriture. Certains sont des cartes postales que nous avons écrits et d’autres la suite du célèbre texte de Boris Vian « Je ne voudrais pas crever » où les jeunes ce sont imaginés et ont listé toutes les choses qu’ils aimeraient faire avant de mourir. Nous ressentons que la famille est très présente, profiter des siens et créer une nouvelle famille !!

Bonne lecture et bonne découverte. Certaines personnes qui ont écrit des choses très belles ont préféré les jeter. Elles ne seront donc pas ici mais resteront gravés à tout jamais dans le coin de notre tête et de notre cœur.

« Je ne voudrais pas crever avant de pouvoir avoir une famille, un mari et des enfants, d’avoir réalisé mon rêve qui est de devenir infirmière, d’avoir rendu tout le bonheur à mes parents comme ils me l’ont donnée tout  au long de leur vie. Je ne voudrais pas mourir sans avoir visité l’Italie et être  repartie au moins une fois en Algérie, d’être retournée à Marseille et d’amener mes parents avec moi, d’avoir fait le dernier jeûne avec toute la famille et d’avoir amener mes parents à la Mecque. De m’être procurée la voiture que j’ai toujours voulu avoir. Je voudrais faire profiter mes parents et être allée en vacances avec tous mes frères et sœurs et leurs enfants. Je ne voudrais pas mourir avant d’avoir au moins 90 ans et pourquoi pas même mourir avec toutes mes dents. »

« Je ne voudrais pas crever avant de dire pardon aux gens que j’ai blessés pour ne pas partir avec des regrets, partager du temps avec mes proches, mes potes et ma famille. Il n’y a qu’eux qui comptent dans ma vie. J’aimerais aller voir ma famille du côté de mon oncle que je n’ai jamais vu et qui vit en Tunisie. Je suis encore jeune et je ne voudrais pas crever maintenant car j’ai encore des choses à faire et d’autres choses personnelles. »

« Je ne voudrais pas crever avant de partir voir ma famille en Algérie. Je ne voudrais pas crever avant de dire pardon à ma mère pour toutes les bêtises que j’ai faites. Je ne voudrais pas crever avant de dire je t’aime à mes proches, avant de donner à mes parents tout ce qu’ils souhaitent parce qu’ils m’ont aimé jusqu’au bout. Je ne voudrais pas crever avant de rendre visite à ma grand- mère qui est tout le temps toute seule. J’aimerais lui acheter plein de choses, lui faire plaisir pour lui montrer que je l’aime. Je ne voudrais pas crever avant de dire aux gens que je n’aime pas qu’ils aillent se faire balader. Parce que j’ai toujours un bon cœur les gens se sont foutus de ma gueule, ils ont profité de ma gentillesse pour me rabaisser devant plusieurs personnes mais ce n’est pas grave je vous souhaite tout le bonheur. Je ne voudrais pas crever avant d’avoir dit je t’aime à tous les gens qui m’ont aimé et respecté jusqu’à la fin. »

« Je ne voudrais pas crever avant d’aller à la Mecque au moins une fois avec mes parents et toute ma famille qui est à l’étranger. Je ne voudrais pas crever avant de faire une journée avec mes parents que pour moi. Je ne voudrais pas crever avant d’avoir fini mes études, avant d’avoir vu au moins une fois toute ma famille un par un. Je ne voudrais pas crever avant d’avoir eu mes enfants. Je ne voudrais pas crever avant d’être parti en Algérie au moins une année. Je voudrais aller en Algérie pour voir ma grand-mère, et une photo de mon grand-père que je n’ai jamais connu. Et une dernière fois une journée qu’avec mes parents pour que je leur donne tout le bonheur qu’ils m’ont donné. »

Les cartes postales…

Cher Killua,

Je suis parti faire des courses pour ma mère et moi. Je suis à Carrefour. Je vais acheter des légumes, tomates, de la salade, des oignons, des aubergines et des pommes de terre. Je t’attends pour le dîner.

Inès

Salut Tata,

J’espère que tout va bien pour toi, moi en ce moment je fais un projet avec des peintres. On peint un mur et aussi j’espère que tout va bien et tes enfants aussi. Et j’espère que bientôt nous allons nous revoir.

Je t’aime

Sirine

Salut, comment tu vas ? Moi ça va très bien je suis en train de faire un projet artistique à l’Ejio. C’est  un centre aéré. Nous avons commencé la fresque et le début est déjà pas mal. Nous avons un planning pour savoir ce que nous allons faire au sein du projet. Le projet va se faire sur un bâtiment en face d’une rue, comme ça tout le monde pourra la voir. Voilà. J’espère que tu reviendras bientôt. Bisous

Jasmine

Très chère mort,

Tout d’abord je tenais à te dire que l’on ne t’aime pas beaucoup vers chez nous. Parfois tu fais la maline mais on va tout faire pour te battre et te rencontrer le plus tard possible. Je n’apprécie pas trop lorsque tu me fais du pied ou de l’œil et lorsque tu tournes trop autour de moi. Si je t’écris aujourd’hui c’est pour te dire que si tu avais ne serait-ce que l’idée de t’approcher des gens que j’aime, prends moi tout entier et laisse les autres tranquille en vie et sans emmerde. Je ne t’aime pas. Amicalement.

P

Bonjour père noël,

J’ai 28 ans, et je n’ai pas eu mes cadeaux par milliers. J’espère que tu vas bien et qu’il ne t’est pas arrivé de bricole.

Depuis toutes ces années, j’essaie d’être quelqu’un de droit et de calme, je pense que je fais des projets chaque jour. Si tu reçois cette lettre et que tu penses à moi. Réalise juste un rêve pour moi, rendre tous les hommes égaux dans tous les aspects de la vie et que rien ne change.

Nathan

Bonjour Hanna,

J’espère que tu vas bien. Ça fait très longtemps que je ne te vois pas à l’Oly. Tu m’avais dit que tu allais revenir au quartier. J’espère que tu te sens bien dans ton école et que tu t’es fait des amis. En tout cas moi je vais bien. J’espère que tu vas me répondre vite.

Aya

ATELIER THEATRE :

L’atelier théâtre… Un bien grand nom pour ce moment et ces deux à trois heures d’échange. C’est toujours drôle quand au bout d’une heure il y a un des gamins qui vient nous voir en disant : « Ah monsieur, on fait du théâtre là. ». L’idée de cet atelier, de ce cours, de ce moment passé ensemble est de créer une cohésion d’équipe, de se sentir bien au sein de la troupe, auprès de ses camarades et une fois de plus envoyer valser le regard des autres. Dans un premier temps, nous nous mettons en cercle, nous nous chauffons, nous échauffons, nous massons, respirons… Nous nous étirons et nous essayons de nous concentrer, nous sentir bien. Ensuite, nous allons tous nous agenouiller, nous accroupir. Nous distribuons un quartier de clémentine et nous allons mettre un long moment à le manger, l’observer, l’analyser, le sentir et le ressentir. Le but est d’observer des choses du quotidien avec un nouveau regard. C’est ce que l’on pourrait appeler de la méditation en pleine conscience. Puis, afin de nous distraire un peu, afin d’appliquer ce que nous venons de voir, nous allons passer à l’action. C’est nous qui allons être acteur de petites scénettes improvisées devant nos camarades. Nous avons tous imaginé que nous avions un incroyable talent et nous passons devant nos camarades… Ensuite, certains d’entre nous ont improvisé des scènes, de vie, de sport…

Le théâtre est vraiment un excellent moyen pour vaincre sa timidité, se sentir bien au sein d’un groupe ou même pour la prise de parole face à un public.

Dans notre travail quotidien depuis des années, lorsque nous peignons dans la rue, lorsque nous exposons ou même lorsque nous intervenons comme c’est le cas ici avec un groupe de gens quel qu’il soit cette pratique nous a toujours aidé à avancer. Certaines respirations aussi que nous abordons sont essentielles dans notre vie professionnelle comme personnelle.

ATELIER PEINTURE ABSTRAITE :

C’est presque le dernier jour. La météo est toujours un peu bancale. Il fait froid à l’extérieur et nous retrouvons la chaleur proche des radiateurs. Nous avons installé tout un terrain de jeu assez spécial. Nous sommes à l’école. Il y a une grande bâche sur le sol. Pas grand monde n’a prévu des habits de peintre et pourtant c’est ici que l’on se salit le plus. Comme outils, armes du crime, un seau de peinture noire, plutôt gris et des feuilles toutes blanches. L’idée est vraiment de travailler le lâcher prise, de se détacher du regard des autres et se laisser aller sur la musique. Parfois, on se croise, parfois on crie et parfois les gestes sont violents. On s’exprime avec de la peinture. On parle avec le cœur, avec les tripes. Ça n’aura pas marché avec tout le monde mais on a passé un super moment, loin des gens, du monde extérieur et une fois de plus loin du regard des autres parfois trop présent surtout à cet âge là. On a pris le temps aussi de lire les titres et les phrases des gens et on a pu attribuer un titre à chacune des œuvres que nous avons réalisé.

Merci à Keren de l’an dernier d’avoir joué le jeu et d’avoir participé à cet atelier. Une fois de plus Marie a dessiné certains instants incroyables vécus en cette fin d’après midi.

Et même si le midi nous avions déjà mangé un couscous, Fatima, la mère de Yassine, Jasmine et Sirine nous a amené un autre couscous, cette fois avec des œufs et des raisins, tout aussi bon que celui de Nacera le matin même.

Nous tenons à faire des dizaines de remerciements mais comme à chaque fois nous avons peur d’oublier certaines personnes, certains gens qui ont fait que ce projet était encore plus et sans qui nous ne serions pas arrivés au bout.

Nos relations avec les «payeurs », les politiques (vous l’avez bien compris) n’ont pas été simples voir même très compliquées.

Comme expliqué plus haut, toutes ces personnes n’ont pas réellement compris notre démarche, le quartier, la vie sur le terrain, l’importance de la poésie du quotidien et le fait que réaliser de tels projets est primordial pour faire avancer les choses.

Nous ne remercions pas la mairie de Montgeron et notamment Madame le maire pour s’être retirée du projet, c’est triste et dommage.

Merci Seb, Jean-Jacques, la mairie et Mr le maire de Vigneux-sur-Seine ainsi que la communauté de communes. Deux années de suite ça fait beaucoup pour nous.

Après quelques lignes désagréables à vivre et à écrire passons à la vraie vie, pas celle de Big Flo et Oli mais celle de l’Oly. Nous allons commencer direct par les big boss du quartier, nos petits loups, notre équipe de filles et de gars sûrs, merci notre team pour ces dix jours. Merci pour cette énergie débordante et cette folie que vous nous avez transmise. Nous n’allons pas nous cacher et vous l’avez compris lors du bilan que parfois (voir souvent) vous nous avez fait sortir de nos gonds, parfois vous nous avez fait rire, parfois vous nous avez fait crier, donner envie de hurler, parfois même de baisser les bras, donner envie de pleurer mais put*** que ça fait du bien de passer du temps avec vous. Nous pourrions vous comparer à la météo de cette semaine, capricieuse, imprévisible, parfois au visage fermé, souvent à nous narguer, sourire ensoleillé et spontané. Nous vous aimons et nous sommes ravis d’avoir fait votre connaissance. Merci de tout cœur pour ce que vous nous avez offert malgré tout.  Yad, Enzo, Yasmine, Stéphane, Aya, Assitan, Sevin, Fanta, Sirine, Marion, Samba, Rayana, Mamed, Alliah, sans oublier Keren, Manelle, Yassine et tous les autres. Cœur sur vous, prenez soin de vous la famille.

Nous remercions aussi infiniment la structure de l’Ejio, espace jeune du quartier, importante qui réalise énormément pour la cité. C’est le poumon, le cœur, l’âme du truc. Croyez nous son importance est indispensable. Merci Merci à Sofiane, Akim, Claude, AA, Bacy, Nathan, Rold, Myriam, Sarah, Roz, Turken.

Pensées et remerciements à tout le quartier de l’Oly, sans oublier bien sûr à Nacera et Fatima pour les deux couscous merveilleux. Ça, ça requinque pour dix ans.

Nous remercions aussi et faisons le plus beau des clins d’œil à Marie qui comme nous vous l’avons dit a intégré notre équipe lors de ce projet. Tu as été d’un soutien précieux et tous les moments et la vie du quotidien passés avec toi ont été merveilleux. Merci infiniment. Nous avons tant aimé ces temps de partages et d’échanges. Nous pouvons le dire, nous sommes un bon trio.

Enfin et pour conclure  les remerciements, nous gardons la plus belle et sincère des dédicaces à tous les gens d’en bas, les habitants du quartier de la prairie de l’Oly, les gens de 7 à 77 ans ou même de 2 à 122 ans qui font ce qu’est l’Oly. Toutes les couleurs, toutes les langues parlées, les origines représentées, tous les styles et les modes de vie… Vous êtes notre force. Merci pour votre amour et les temps de partage du quotidien. Quand nous sommes au bout, à bout et que nous avons envie de partir, de baisser les bras, c’est vous qui nous tenez, c’est vous qui nous transmettais la force d’avancer, de gravir des montagnes et d’affronter les tempêtes et dieu seul sait combien il y en a eu cette semaine. Big-up à tous, impossible de vous citer mais vous êtes gravés dans notre cœur à tout jamais. Prenez soin de vous et de vos proches.

Merci Nono pour les clés de l’école et tout ce que tu as fait pour nous, aux potes des potes des potes aussi…

Merci à tous pour rendre ce monde si beau et si poétique.

Merci à Relindice que nous avons pris en photo au Mirail, à Bellefontaine sur notre dernier projet. Pensées à elle, ses copines et le quartier de Bellefontaine.

Comme sur chaque projet et afin de nourrir au mieux cette aventure ainsi que  la fresque qui restera pour tant d’années dans le cœur des habitants et qu’ils verront chaque jour nous posons des questions, aux jeunes et dans le quartier.

Nous avons envie de connaître le quotidien des gens, de savoir leur manière de penser, de connaître leurs opinions, leurs avis et leurs envies, leurs combats de tous les jours. Nous nous sommes interrogés sur l’avenir, sur  le futur des jeunes ou des moins jeunes et quels étaient les échappatoires de  chacun pour parfois s’évader ou s’enfuir de choses qui pourraient être pesantes. Nous avons discuté du passage entre le monde des enfants et des ados et celui des adultes, de la place des femmes dans la société ou dans les quartiers populaires. Dernière chose très importante est de ressentir, de souligner tout ce qu’il y a dans les yeux de chacun et dans les mots de tous autour des choses pour lesquelles nous ne baisserons jamais les bras.

Analyse très rapide et globale des réponses que nous avons eues et nous vous laisserons juger par vous même.

Le permis de conduire et avoir une voiture est une notion importante pour tous, surtout pour les femmes pour se sentir libres et se sentir vivre, partir de la cité même si c’est juste au supermarché et mettre la musique à fond.

Les amis et la famille sont très importants aux yeux de tous.

Les jeunes et les moins jeunes ont peur de la police et subissent quotidiennement des contrôles de la police.

Les femmes ne veulent pas vivre toute leur vie au quartier, alors que ça dérangerait moins les hommes.

Pour les ados, la bouffe, la musique et les mangas sont des choses primordiales et importantes pour se sortir du quotidien parfois triste et morose.

Les gens en général aiment fort leur quartier même si les embrouilles leurs pèsent et rêvent plus de tranquillité.

Enfin, la notion de travail est très importante pour les plus grands. C’est un combat au quotidien.

Maintenant nous finissons et vous laissons avec les paroles recueillies, toutes ces choses dites et dictées avec le cœur qui pour nous est le vrai reflet de la vie et de ce que représente la poésie du quotidien.

Merci encore à toutes et à tous.

  • Êtes-vous fiers de vivre ou d’avoir grandi à l’Oly ? Pourquoi ?

Oui, j’aime la cité, j’aime ma cité. Il y a de l’espace, c’est grand. Les gens sont sympas. L’ouverture sur le monde est bien présente avec les transports. La cité est calme. / Je ne sais pas. Il y a trop de racailles. /  Oui, parce que j’ai beaucoup d’amis. / J’ai un cousin qui habite ici. / J’aime l’Oly pour mes enfants. J’aime l’Oly aussi parce que j’ai mes amis ici. / Je ne vis pas dans le quartier mais je vois qu’ici les gens sont soudés. / Je suis née ici et je suis fière de mon quartier et d’y être née. / Oui très fière, c’est ma ville natale. / Oui. Un grand oui. / Oui parce qu’il y a mes enfants. / Bien sûr que je suis fier de l’Oly. C’est ici que j’ai grandi. L’Oly c’est quand même particulier. Il y a une Histoire. / Oui. / Oui c’est ici que j’habite. J’adore l’été ici. / Oui parce que ici on est une grande famille. / Je suis très fière d’avoir grandi à l’Oly même si ce n’est pas toujours facile avec les histoires du quartier… / Oui je suis fier de vivre à l’Oly. J’ai grandi ici. Je me suis fait mes amis. J’ai aussi la chance d’être à l’Oly comme ça j’ai pu participer au projet Street Art. / Je suis fier d’avoir grandi à l’Oly, ici j’ai tous mes amis. / Ici les gens sont sympas. / Non ici c’est pourri, vivement qu’ils détruisent. / Oui c’est bien. / La proximité de tout et le calme. / Je ne veux pas qu’ils cassent les bâtiments. / Non, il se passe beaucoup trop de chose. / J’aime bien les gens ici. / Bonne mentalité. / Fier de l’Oly tout simplement c’est bien. / Oui je suis fière, mais mon quartier n’a pas toujours été le meilleur, il y a eu trop de choses graves, des règlements de compte… / Je suis fière de ma vie à l’Oly même si des fois on voit des trucs pas jolis il faut savoir que parfois il y a beaucoup de bagarre avec la police. / Je suis fière d’avoir grandi à l’Oly. Ce n’est pas tous les jours roses mais c’est ça que j’aime. / Je n’ai pas grandi ni vécu à l’Oly. Par contre j’y ai travaillé pendant plusieurs années et ce dont je suis fière c’est d’avoir pu ouvrir les jeunes de ce quartier à des choses qu’ils ne connaissaient pas, de leur avoir fait passer le message de ne pas s’empêcher de rêver, de leur avoir fait comprendre que chaque individu a le droit de s’exprimer et qu’on peut s’intéresser à tout. C’est d’avoir également eu des échanges enrichissants, humains avec les habitants qui m’ont montré à plusieurs reprises leur solidarité et leur générosité. Même si parfois la vie n’est pas facile et que tout n’est pas rose dans le quartier, je pense que les habitants peuvent être fiers de leurs valeurs et revendiquer leur mode vie comme une culture à part entière qu’il faut transmettre, apprendre et comprendre. /

  • Quels sont vos combats au quotidien ? Racontez nous.

Le travail et garder la santé. / Le travail, toujours et encore travaillé. / Je ne sais pas. / Travail et famille. / Travail. / Je me lève tous les jours pour être heureux, aller au bout de mes objectifs, être quelqu’un de bien. / La police. / De m’en sortir dans la vie. / Devenir riche, faire sortir la famille de la cité. La mairie de Montgeron ne calcule pas la cité de l’Oly. / Le travail. / La police. / Le travail. / Je me bats pour mon avenir. / Réussir. / La police parce qu’ils sont méchants avec nous. / Mes combats du quotidien sont de ne plus écouter les gens et toutes leurs critiques. /  Mes combats au quotidien : écrire ma thèse sans me décourager, vivre sereinement en mangeant bien, ne pas penser à la cigarette et rester zen. / Chaque jour, chaque instant je me bats pour être meilleur, heureux et tranquille. La tranquillité est un sentiment que j’aimerais côtoyer plus souvent. Je rêve d’une vie ou un mode de vie lent. Appréhender mon quotidien, vivre avec le soleil et m’éloigner des choses néfastes. Avec le peu de moyen que j’ai je me bats contre les inégalités, le racisme et le sexisme. J’existe et me sens réellement vivre au travers de l’art et de la culture même et surtout en tant que spectateur. Je crée pour vivre dans le monde réel. / Je travaille. / Contre la pollution. / Je m’occupe de mes enfants. / Le travail et la sécurité des enfants. / Travailler à l’école. / Combattre la vie des gens. / Pour devenir riche. / Travail et réussite. / C’est de me relever malgré tout parce qu’on se moque toujours de moi mais je me suis toujours remis de ces choses. / Mes combats de tous les jours les regards des gens, les remarques et les critiques. / La confiance en soi, mes parents, les critiques. / Me laisser faire en faisant confiance, sachant que je saurais me sortir de n’importe qu’elle situation dangereuse ou complexe avec mes petite mains et celle des autres. Ouvrir le cœur et voir celui des autres s’ouvrir. / Mon combat quotidien de maman : faire en sorte que mes filles ne manquent de rien et évoluent en étant bien dans leurs peaux, heureuses, prêtes à affronter le monde extérieur.
Mon combat en tant que « personne sociale »: c’est de toujours rester libre, de se battre pour ne pas se faire écraser par un moule réducteur et simplificateur ou par des personnes violentes qui veulent éteindre la lumière intérieure des autres. Avancer en étant toujours en accord avec mes valeurs. Je me bats aussi au quotidien depuis de nombreuses années pour que l’art et la culture soit accessibles pour tous c’est primordial que chaque personne soit libre, ai accès au savoir et puisse s’exprimer. / fier d avoir vécu petit a l’Oly et d’y avoir travaillé 7 ans. Mes combats au quotidien, c est être meilleur intellectuellement, spirituellement, humainement et de transmettre de bonnes vibres autour de moi. Mais aussi me protéger des gens vicieux et pas honnêtes. Je baisserais jamais les bras face à la médiocrité, la facilité mal honnête, le racisme et ce qui divise, sépare, tue. Gros besoins d’évasion, pour déconnecter avec ce monde un peu fou et égoïste, ayant perdu le vrai sens de l amour. Je me refugie dans le sport boxe course, la spiritualité, méditation et la nature. Oui un sourire peut changer positivement la journée d une personne. Je suis devenu adulte après la mort de mon père et mes deux frères, mais chaque jour me rend plus responsable, avec comme arme le courage et l amour des choses et des êtres. /

  • Quelles sont les choses pour lesquelles vous ne baisserez jamais les bras ? Pourquoi ?

Être libre et me battre contre les injustices. / L’éducation des enfants. / Mes amis et ma famille. / Je me bats pour mes enfants. / L’éducation de mes enfants. / Ma famille, mes amis. Je fais tout pour ne jamais baisser les bras. / Ma famille et mes amis ont toujours été là pour moi. / La liberté et ma famille. / Contre les inégalités. /  La musique. / La famille. / Mes études, la famille et les amis. / Ma famille. / Les choses pour lesquelles je ne baisserais jamais les bras sont les études et rendre heureuse ma famille. / Je ne baisserais jamais les bras pour mes études, dans mon parcours professionnel, parce que je ne saurais quoi faire d’autre. J’accompagnerais et soutiendrais toujours ma famille proche quoi qu’il arrive. Elles sont, ma mère et ma sœur, trop importantes. / Je ne baisserais jamais les bras pour mes parents parce que je les aime et je veux les voir heureux, vivre d’un amour simple. / Je ne baisserais jamais les bras pour mes potes, ma femme, ma petite chienne et avant d’avoir fini notre maison, que le moindre recoin soit achevé. Je veux partir la tête haute, sans aucun regret, sans que la liste de toutes les choses que je veux faire soit trop grande. / Mes parents parce que je les aime fort et les études pour faire plaisir à mes parents. / Tout. / La famille. / Ne jamais baisser les bras. Je me le répète chaque matin. / Rendre la famille fière. / Pour trouver la paix et dire non au racisme. / La famille. / La vie. / Les études et mes parents. / Mes parents, c’est mon sang. J’aime aussi tout le reste de ma famille. / La confiance en soi, c’est important. Les études, j’ai envie d’être vendeuse ou travailler à la SPA car j’adore les animaux. / La justice, la vérité, nettoyer les horreurs et les misères du monde. Rendre mes frères humains et les autres heureux par la bienveillance et la prise de conscience de la responsabilité à valeur collective. Pourquoi ? A cause de l’amour. Le truc que tout le monde a sans le savoir qu’il faut aller découvrir souvent et vivre, expérimenter, l’amour pour ma famille humaine toute entière. Ça pousse en moi. / La LIBERTE. Parce que nous vivons dans une société violente où il y aura toujours des personnes ou un système pour nous imposer un idéal, un mode de vie, une façon de penser alors que nous sommes tous différents, c’est cette différence qui rend l’humain intéressant. C’est assumer cette différence qui fait de nous des gens libres. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas se taire ou fermer les yeux sur la violence car les gens violents veulent imposer leur point de vue et ne respectent pas la liberté des autres. Je pense que c’est très très important d’être solidaire et de lutter contre les gens ou systèmes violents qui détruisent la liberté ou bafouent les droits des autres. C’est commencer par se défendre soi-même pour éviter que ça ne se reproduise sur les autres. En plus c’est pratique quand par la suite on veut défendre quelqu’un.
Pour ça oui je ne baisserai jamais les bras!!! /

  • Ressentez vous le besoin de vous évader du quotidien ? Pourquoi ? Racontez nous ? Dans quoi vous réfugiez vous ou que faites vous pour oublier le quotidien.

Oui, voyager. Sport. / Oui, j’ai besoin de m’échapper. / Oui, j’en ai marre de rester sur place. Je me réfugie dans Netflix et je sors. / Parfois je ressens le besoin de m’évader du quotidien. La vie n’est pas si facile. Je me bats pour que les moments de bonheur soient plus forts que tout le reste. Je me réfugie dans mes souvenirs, dans la musique, dans mes rêves, dans mes proches, dans le ciel, dans l’amour, dans l’avenir. / Oui ne serait ce que pour changer de vie. /

Oui comme tout le monde. Je me réfugie dans la musique, le sport et aller voir mes amis. / Je me réfugie dans le travail. / Toujours, sortir. / Oui parce que nous sommes dans un quotidien difficile. / Ca m’arrive d’avoir envie car ce n’est pas toujours facile avec la vie et les journées qui passent. Je me réfugie dans la musique pour oublier mon quotidien même si certaines musiques me rappellent mon quotidien. / Oui beaucoup de fois quand même. Il arrive qu’à la maison l’ambiance devienne pesante ou qu’au lycée les journées soient trop longues. Pour m’échapper de tout ça, j’ai tendance à m’enfermer dans ma chambre, rester sur le téléphone ou jouer aux jeux vidéo. Sinon je me détends en venant au foyer. Lorsqu’il fait beau temps j’ai aussi l’habitude de sortir avec mes potes pour faire du basket ou du foot ou juste nous balader, parler de tout ou de rien. / Parfois oui, mais j’ai assez peu de raisons de me plaindre. Je m’évaderais bien de Paris pour prendre un bon bol d’air, de temps en temps. Pour oublier le quotidien, je vais en forêt, dans un parc où je fais de la gym. / Le quotidien va bien trop vite. Parfois j’aimerais  réellement appuyer sur pause, me laisser guider par mes envies du moment, sans contrainte. Pour oublier tout ça je crée, j’écris, je lis, j’écoute de la musique ou je bricole. Parfois je mange et je dors tôt car me réveiller me donne de la force pour le combat du quotidien. / Oui dans les films, les séries, les jeux vidéos et en sortant. / Oui le sport. / Ma femme, mes enfants et la nourriture. / Oui pour changer de vie. /  Oui parce que j’ai envie de m’évader un peu des problèmes du quotidien. J’écoute de la musique douce pour m’endormir et je mange. / Je ne baisserais jamais les bras pour mes parents et les études car pour moi les parents c’est toute ma vie. Les études aussi qui pourront m’aider pour la suite. / Oui des fois car je ne me sens pas bien dans ma peau. Je m’évade dans la bouffe, la musique. Je me rappelle des souvenirs. / Pas besoin de m’évader, tout est ok, même le pire. Pour me reposer, je regarde des films, des séries, je lis. / Oui souvent, je trouve que c’est important de couper la routine et les habitudes. Je me refugie dans l’écriture, l’art en général, les échanges avec des gens que je ne connais pas, les amis. /

  • Le sourire est il le seul reflet du bonheur ? Donnez nous exemple. 

Non il y a l’amour. / Le travail peut aussi être le reflet du bonheur. / Oui, quoi qu’il arrive garder le sourire. / Non certainement pas. / Oui. Même quand je suis en colère je souris. / Non le sourire n’est pas le reflet du bonheur. Je connais une personne heureuse qui ne sourit pas. / Oui parce que le sourire est une expression de joie. / Non, c’est l’argent, la famille, les proches. / Non, bien sûr que non. / Non le sourire ne reflète pas forcément le bonheur car certaines musiques me rappellent le quotidien. / Il arrive que parfois le sourire montre un sentiment de joie mais ce n’est pas toujours le cas. Il peut aussi y avoir des faux sourires. / Les moments où je suis le plus heureuse est ceux où j’écris ma thèse chez moi et où je bois mon café  en musique le dimanche matin, deux moments où je ne souris pas. Un sourire peut faire du bien mais c’est loin d’être une garantie du bonheur. / Ce n’est pas quand je suis heureux que je sourie. Je souris quand je suis joyeux, je ris lorsque le quotidien est dérisoire. Je souris quand je vois des gens pour leur offrir ma confiance et propager de l’amour. Chez moi lorsque je suis vraiment heureux et que cela est plus fort que tout je pleure où sent mon cœur battre encore plus fort comme si il allait exploser. / Bien sûr que non, on peut faire semblant de sourire. /  Oui mais parfois comme moi je me cache derrière un faux sourire. / Le sourire est parfois hypocrite, il peut cacher des douleurs, ça peut être un masque. Reflet du bonheur ? Il y en plein. Trop. / Je ne sais pas je ne dirais pas forcément, il y a des gens qui sourient beaucoup et qui sont malheureux. Le calme intérieur et la capacité à relativiser sont de bonnes pistes à mon sens. Après il y a des sourires sincères qui prouvent que sur le moment on est heureux mais on ne peut pas toujours être dans cet état enfin je n’ai pas encore trouvé la recette pour ma part. /

  • A quel moment ou lors de quel événement avez vous senti que vous étiez devenu adulte ? 

Si vous êtes enfant ou ado, qu’est ce qui fera que vous vous sentirez adulte ? 

Je me suis vraiment senti adulte lorsque j’ai eu ma fille. / Mes premiers enfants. / Je serais adulte quand j’arrêterais d’être capricieuse. / A 13 ans je me sens adulte à cause de la dureté de la vie. / Quand j’ai commencé à avoir mes enfants. / Je me suis senti adulte à la fin de mes études. / Le jour où j’ai eu 18 ans. / Lorsque je garde mes petits frères je me sens plus grand et en plus ma maman peut plus voyager. / Les responsabilités nous amène vers l’âge adulte. / Lorsque j’ai pris un appartement. / Lorsque j’ai eu mon premier travail. / Tout simplement lorsque je prendrais des décisions seuls. / Passer mon permis pour être libre. / Lorsque j’aurais 18 ans et peut-être moins de soucis. / Je me sentirais adulte quand j’aurais ma voiture et que je pourrais mettre la musique à fond. / Ce qui fera de moi un adulte sera le jour où je pourrais tenir dans mes bras mon bébé. L’idée de procréer, de donner la vie est un sentiment que j’aimerais pouvoir ressentir quand je serais plus grand. /  Je me suis sentie adulte quand j’ai eu ma 3ème et 4ème charge de cours, l’année dernière, je n’étais plus impressionné par mes étudiants. J’ai eu l’impression de les intéresser, c’était très gratifiant. Mais être adulte est très flou et il y a d’autres moments, nombreux, où j’ai le sentiment de ne pas avoir franchi cette étape. / Ca ne fait pas très longtemps que je me sens vraiment adulte. Le jour où je me suis marié et quand j’ai eu ma première maison j’ai vraiment eu ce sentiment que j’appartenais au monde des grands, celui des adultes que l’on rêve embrasser quand on est petit et que l’on déteste une fois qu’on y est. / Quand je serais indépendant et que j’aurais coupé les ponts avec mes parents. / Quand je me suis marié. / Lorsque j’aurais plein de responsabilités. / Je me sentirais adulte quand j’aurais ma maison. / Quand j’ai commencé à travailler. / Lorsque j’ai fait ma première garde à vue et lorsque j’ai eu ma femme. / Quand je suis rentré au lycée. / Quand je serais marié et quand je devrais dire au revoir à mes parents. Ce moment sera toujours gravé dans ma mémoire. / Quand j’aurais quitté le cocon familial mais ça sera très dur. Quand j’aurais ma famille. / Jamais. / Si c’est être majeur, payer des factures et vivre sans ses parents alors oui je suis adulte. Ca veut dire peut-être avoir une certaine sagesse et un recul sur soi, avoir conscience des répercussions de ces actes et savoir communiquer avec éloquence et sérénité… Je dirai que savoir prendre des décisions et assumer ses actes font de nous des gens responsables mais des adultes ? Difficile à dire… Je me suis sentie un peu plus « adulte » quand j’ai eu mes enfants parce qu’il a fallu que je me confronte assez rapidement a certaines réalités. / Mes rêves, mes souvenirs, mes combats en tête, déterminé à ne jamais baisser les bras face aux orages et aux montagnes qui se dressent devant moi. /

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