Après Granville et quelques jours de repos nous nous retrouvons le mercredi matin à Toulouse pour un projet que nous attendons depuis de longues semaines avec impatience. Ça fait plusieurs mois qu’on en parle et nous y voilà enfin. Même si nous nous connaissons d’une autre époque, notre binôme a été créé ici, dans la ville rose et depuis que nous avons réellement trouvé notre identité artistique personne n’a jamais fait appel à nous pour la réalisation d’un projet d’une telle envergure. Lorsque nous avons reçu l’invitation nous étions très heureux et nous n’ attendions qu’un truc : montrer ce que nous avions sous le capot et même dans le bide.

Cette peinture, nous l’avons réalisée dans le cadre du festival Sô Tolosa et pour sa première édition. L’idée de ce festival, et comme ça se faisait à l’époque, est de réunir les cinq disciplines du Hip Hop, soit le rap, le dj, le beat box, le break et le graffiti sur trois jours de festivités. Tout ça se déroule à l’Espace du Pont des demoiselles et avec l’immense soutien et organisé par la MJC du Pont des Demoiselles et le MAPCU. En dehors du graffiti une première soirée s’est déroulée sous forme de conférence en présence de Véronique Bordes, chercheuse à l’université Toulouse Jean Jaurès, assistée de Lilian Ricaud et en compagnie de différents acteurs des cultures urbaines autour de la thématique : Faut-il un diplôme pour enseigner les disciplines Hip Hop? Nous étions évidemment conviés à participer mais nous étions pris par notre peinture.  Par la suite, le vendredi soir, avaient lieu des battles de Rap et de djing. Des rappeurs se sont alors affrontés dans des batailles et des épreuves mettant en avant la discipline rap ou slam. C’est alors que l’expression, la présence et prestance scénique, l’originalité, les textes, l’improvisation seront des critères de sélection d’un jury professionnel alors composé de Odas, Ouahide et Dadoo. Derrière les platines, nous retrouvons notre ami Dj Spazm qui lui aussi est graffiteur et Richie, un ami et ancien voisin qui anime la soirée. En parallèle durant la même soirée, ce sont les dj qui sont mis en avant. Cette discipline est aussi connue sous le nom de turnatablism, allie l’art du mixage, du scratch et de la maîtrise de l’instrument du Dj : la platine Vinyle. Cette compétition compte plein d’épreuves originales jugées par les grands Logilo, Hesa et Vega, toujours ambiancée par Richie et Dj Spazm. Ensuite, le samedi soir, il y a eu une soirée beat box, vous savez ces gens qui font des trucs et des sons bizarres avec leur bouche. Ces mecs qui hébergent dans leur bouche une batterie avec le batteur plus un guitariste, un juke box, ainsi que deux ou trois caisses claires différentes… Bref il y avait une soirée consacrée à cette discipline animée par nos amis Njin et Mayday. Pour juger cette soirée, étaient présents Beatness, Ange B et Johnny Madness. Puis le dimanche, en souvenir de nos battles, dans l’ancienne MJC du Pont des Demoiselles plus connue sous le nom du Sunday Break, il y avait une après midi danse. Un dimanche après midi, sous une pluie ensoleillée de musique funk, cet événement permet aux danseurs de s’exprimer et de se confronter dans un esprit positif  autour de coupoles, acrobaties, combinaisons de groupe… Des qualifications en cercle permettront à tous de participer. Le tout fut rythmé sur les sons de l’incontournable Dj Mayday et de la magnifique batteuse Charlotte. Pour juger le tout, étaient présents sur les bancs de l’école Bachir, Nacer et Ernesto, animé et speaker par l’immense Nyko.

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Et enfin la cinquième discipline c’est nous, le graffiti. Un premier mur avait déjà été réalisé en 2009 par Réso, Toncé e Astro (le toulousain) puis pour cette année et la réédition de cette manœuvre, deux équipes ont été formées pour refaire le premier pont et en faire un autre. D’un côté il y a toujours Réso, avec Mondé. Deux artistes graffeurs toulousains qui depuis plus de vingt ans sont dans le game toulousain. Ils ont aujourd’hui un atelier au 50cinq avec des artistes comme Tilt. Puis de l’autre côté il y avait nous. Il ne faut pas se voiler la face, que si on nous a appelés pour réaliser cette fresque, c’est que nous connaissons très bien l’organisateur. Mais c’est top pour nous car ça nous permet de montrer ce que l’on fait maintenant à des gens que nous croisons dans ce milieu depuis plus de dix ans. Et nous nous sommes vraiment rendus compte que nous étions suivis et respectés ce qui est un bon point. Nous sommes alors très heureux d’avoir partagé ce pont avec ces personnes là.

Ça se passe alors avenue saint Exupéry, sous le pont de la voie ferrée située au croisement de la place Roger Arnaud. La thématique que l’on nous a donnée est « Sur la piste des géants ». A été pris en considération le projet futur d’un lieu proche de la MJC qui sera consacré à la mémoire de l’aéropostale. Concernant le titre de la thématique, nous sommes restés proche du projet de Jean Luc Moudenc sur le site Montaudran. Nous avons pris pour sujet un enfant se mettant dans la peau d’un aviateur. Tout seul contre tous, dans sa bulle, ce jeune garçon est rêveur et espère conquérir le monde du haut de ses 9 ans sur la trace de ceux qui pourraient être ses idoles. (référence aux grandes figures de l’aéropostale comme Saint-Exupéry ou encore Jean Mermoz). Ce sujet nous parle beaucoup, il peut être appliqué à la vie de chacun, aux rêves de tous. On a tous des géants, des idoles, des personnes dont on a envie de suivre la trace. D’autant plus, quand on est enfant, notre insouciance nous permet de nous évader, de rêver sans contraintes. On se croit alors invincibles. Même dans son propre jardin l’enfant voyage et n’a aucune limite. On rêve tous d’être dans la cour des grands. Ce qui nous rapproche de cette thématique, c’est que même à 30 ans nous vivons chaque jour à travers nos rêves, nous sommes sur la piste des géants parfois sans même savoir qui ils sont. Nous sommes persuadés que les rêves rendent heureux et qu’ils sont surtout réalisables. Malheureusement en questionnant les gens et en discutant avec eux dans la rue, nous nous rendons compte que très peu de gens rêvent ou ont gardé leurs rêves pour avancer. Les gens préfèrent leur réalité.

Nous peignons uniquement nos propres sujets. La photographie que nous avons peinte est une photographie originale réalisée uniquement pour ce projet.

De plus, il y a une part d’écrits très importante dans nos réalisations. Cela nous permet d’impliquer les riverains, les habitants du quartier ou simplement les passants. Ces écrits sont très importants pour nous car ils donnent du sens à notre travail, ils permettent aussi de faire exister d’autres contributeurs à nos peintures, de donner la parole. On aime alors questionner au maximum les gens.

Pour ce projet les questions pourraient être : Qui ou qu’est ce qui vous a donné envie de poursuivre les rêves que vous avez aujourd’hui? Est ce que vous êtes sur le chemin que vous désirez?  Y a t’il des rêves qui ne vous ont jamais quittés?

Avant de commencer toute manipulation picturale et avant de se mettre en tenue de chantier une bonne fois pour toute, nous passons à South Painters, notre dealer de couleurs depuis plusieurs années et nous allons déjeuner dans un petit restaurant indien dans le centre de la ville avec la partie graff du Sô Tolosa. Nous sommes alors à ce moment là mercredi.

La veille du premier jour, le service technique de la mairie est venu passer un coup de karcher afin de nettoyer le mur. Le premier jour nous devons peindre toute la surface en blanc et  nettoyer certaines parties à l’aide d’une brosse métallique. Nous avons même fait le choix de faire du mortier dans certaines fissures notamment sur certaines parties du personnage. En vieillissant, plus nous rendons les conditions de travail bonnes, plus on se fait plaisir et plus le résultat sera cool. Nous apportons alors une grande importance aux préparatifs. Pendant que Rémi fait du mortier, Paul fait du jardin. Avec des spatules et du mortier prise rapide, Rémi devient maçon le temps d’une après midi et avec notre beau sécateur Bahco, sorti tout droit des meilleurs paysagistes de la métropole, Paul coupe quelques branches qui descendent un peu trop et prennent de la place sur notre mur. Tout est enfin prêt et nous peignons alors le mur en blanc afin que celui ci soit prêt à accueillir notre projet. Le soir nous nous dirigeons dans l’appartement de la copine de Rémi afin de préparer et finir la maquette avant de retourner sur le mur pour tracer au rétroprojecteur. Nous nous y rendons vers 22h30 et avons négocié avec un appartement pour avoir l’électricité et pouvoir travailler en toute tranquillité. Sophie, la copine de Rémi nous accompagne dans cette aventure, nous lui empruntons d’ailleurs sa table de jardin et Been aussi un super pote nous rejoint. Comme chaque fois, le moment du rétroprojecteur est assez folklorique et cette fois ci, nous sommes en pleine rue. Nous improvisons alors une circulation alternée, Been et Paul s’en charge avec leurs gilets jaunes tandis que Rémi et Sophie s’activent sur les petits traits.  Au bout d’une heure d’activité intense et un bon avancement des travaux une voiture de police se dirige vers nous et nous nous disons forcément qu’un quart d’heure avant minuit, ils ne sont pas à la recherche de la chaussure de Cendrillon. Un premier policier descend de sa voiture. A l’inverse d’un cobow sorti tout droit d’un film américain, il nous fait comprendre de ne pas se tracasser. Il veut juste discuter avec nous. Il nous demande nos « blazes » et il est trop heureux de nous rencontrer. Après quinze minutes il repart nous disant de ne pas s’embêter avec la circulation que les gens se gèrent et que si on a un souci on appelle le 17 demandant cette personne avec son surnom. Nous continuons nos travaux lorsque une petite demi heure plus tard une deuxième voiture de Police revient nous voir. Nous nous demandons tous si c’est la même. Et c’est bien la même personne, il revient nous voir cette fois pour avoir un autographe. Ahaha Chose que nous réalisons avec plaisir ainsi qu’une petite photo avec son plus bel habit de policier. Très belle anecdote qui a marqué ce début de projet. Nous terminons un peu tard et allons nous reposer car pour cette peinture, nous aurons un peu moins de temps que d’habitude.

Nous nous réveillons le jeudi, prèts pour attaquer. Nous avons cette envie de nous dépasser un tout petit peu plus que d’habitude. Puis les jours se déroulent… Nous sommes très heureux de l’avancement des travaux. Démarrage un peu plus long le samedi. Il doit y avoir depuis le début de notre carrière quelqu’un qui essaie quand même de nous mettre quelques bâtons dans les roues, mais nous ne sommes pas prêts de baisser les bras. Réveil matinal pour être à l’heure sur la fresque pendant que Rémi ne trouve plus les clés de sa voiture qui sont devant ses yeux sur la table à manger. Paul se fait rentrer dedans en essayant de se garer et en déchargeant ,un bidon de peinture se renverse dans la voiture. Mais tous ces petits trucs ça rythme notre semaine de travail, ça nous demande un peu de concentration mais avec du recul, on aime tous ces imprévus !!!

 Toulouse, Sô Tolosa… c’est alors beaucoup de souvenirs qui se bousculent dans notre petit cerveau bien rempli après cette belle semaine. Des échanges avec les passants de 7 à 77 ans ou même de 7 mois à 87 ans, un quotidien de quartier qui nous plaît, des gens qui passent et qui repassent, les sorties de collège et les jeunes qui viennent nous voir, les papys interpellés et les mamies contentes, les gâteaux au chocolat, les cocas, les bières que nous ne buvons pas , les visites des copains, les dîners au restaurant, la trottinette à Nico, les dîners poulet et vérine, le runner pour les concurrents, les galettes Kefta du boss, les glaces cornetto chocolat, pistache, les photos de groupe, les témoignages, les phrases, les autographes de fans, les autographes tout court, le passage du train, les rigolades, nos copines, les déjeuners sur le trottoir d’en face… Charger, décharger, se garer sur le trottoir d’en face… Bref, tant de choses qui ont fait de notre première fresque toulousaine quelque chose qui restera gravée à jamais dans notre histoire.

Alors maintenant nous ne pouvons pas vous quitter sans plusieurs remerciements.

Tout d’abord on ne va pas passer par quatre chemins, notre première dédicace et notre premier remerciement s’adresse à Nico, Monsieur Nico !!! C’est notre pote et on lui fait la plus belle des dédicaces, car sans lui nous n’aurions jamais réalisé ce mur et cette fresque dans les rues toulousaines. Dans cette ligne là on va en profiter pour faire un grand merci à la Famille, grosses bises à tes parents, à ta femme et notre amie Miki et ton fiston Gabinou.

Un grand merci bien sur au MAPCU et à la MJC du Pont des Demoiselles. Spéciale pensée à Valérie, Sylvie et Véronique. Sébastien aussi et bien sur.

Merci à tous les gens qui ont fait des photos de nous et du projet, Carole, Arthur… Mais un grand merci surtout à Céline Lajeunie dont beaucoup de photos se trouvent dans notre article. Merci mille fois c’était trop cool.

Big up à nos concurrents directs ahaha à l’équipe derrière nous, qui ont aussi bossé comme nous d’arrache pied sur ce projet, Réso et Mondé, Cédric et Loïc, merci les gars.

Et vu qu’on joue un peu à la maison, disons dans notre maison de vacances, nous avons forcément croisé  des gens qu’on connaît et aussi des super potes, des gens de notre collège qui vivent aujourd’hui à  Toulouse, des graffeurs avec qui on a débuté. Alors très très belles pensées à Axelle, Adri et Lolo (merci encore pour l’appart, le resto et tout le bordel !!!) Bernie, Camille et Lachouette (toujours trop content de voir ta trogne et maintenant vos trognes), Baboun, Marlène (on like) Mathilde (les années passent, merci de nous suivre et merci pour les gâteaux au chocolat tu déchires) Célya, Sabine, Simon, Lionel, Bernard, Gégé et Jeanne (South painters, on restera toujours fidèles) A Gut, Posh, Oaré, Clara, Jessika (trop fan nous aussi) Njin, Sanstitre (ça fait un bail putain) Spazm, Richie Crao ARthur, Simon (merci pour les cookies et pour tout)…

On n’ oublie pas de faire un clin d’oeil à Sacha qui s’était déjà retrouvé de dos sur la fresque de Leyme et qui là nous offre une scène magnifique. C’est ce qu’on voulait et nous sommes très fiers d’avoir peint un petit géant.

Et bien sur le meilleur pour la fin une très belle pensée à nos petites copines Sophie et Carole.

Enfin tout au long de ces quelques jours, nous avons passé du temps avec les gens, à discuter, échanger autour de notre art ou de la thématique abordée. Nous vous dédions alors entièrement cette fresque car elle est dans votre rue. Prenez en soin. Nous reviendrons la voir mais vous, vous allez vivre avec. Merci pour tout.

Nous devons certainement oublier des gens et nous nous en excusons d’avance !!!

Voici une grosse partie de toutes les phrases que nous avons récoltées, encore merci, longue vie au festival et longue vie à notre peinture :

Être heureux, être et rester ce que je suis.

Ma motivation se trouve dans le sourire des enfants.

Vivre libre dans l’égalité pour tous car nous sommes tous des enfants.

Je pense que les vrais rêves ne nous quittent jamais. Parce que sans eux, nous ne sommes rien. Alors n’oublions pas nos rêves et sourions lorsqu’ils se réalisent.

L’espoir qu’un jour la paix sur la terre soit de mise pour tous et toutes… un rêve qui ne peut pas nous quitter.

Moi, ce qui me donne envie de poursuivre nos rêves, c’est le dessin, parce que je peux créer ce que je veux.

Petite, j’étais fan de Peter Pan, et je ne voulais pas devenir grande… Aujourd’hui j’ai gardé mon âme d’enfant et mes rêves de voler.

Mon papa guide mes pas, je veux être footballeur.

J’ai 83 ans, je dors encore dans la chambre où je suis né. Mes rêves ne m’ont jamais quitté, je pense et rêve toujours à mon mari et mes parents.

J’ai 87 ans, ça fait 62 ans que nous sommes mariés, nous attendons toujours tout de la vie.

L’amour est le chemin de tous mes rêves. Le bonheur est la clé de ma réussite.

Ma vie est mon rêve et mon rêve est ma vie.

Je rêve la nuit mais ça s’efface le lendemain.

Mon rêve est d’être retraité dans la ville rose.

Mon rêve serait de devenir médecin pour que mon père soit fier de moi de là où il est.

Je rêve de gens qui sont morts … de rire.

Le pouvoir de l’amour n’est rien comparé à l’amour du pouvoir. Si tu doutes de tes pouvoirs, tu donnes du pouvoir à tes doutes.

Avec ma fille, j’ai appris à aimer, à rire, à pleurer, à vivre en respectant l’autre.

Rêver? Oui pour avoir toujours envie et rester en vie.

Les rêves prémonitoires et les rêves de certaines personnes se réalisent. Je rêve de gens et je les rencontre juste après.

Rêver devant de beaux paysages, devant la quiétude amenée par les animaux et quoi de plus facile que de rêver sur la piste des géants.

Faire de sa vie un rêve et de mon rêve une réalité.

Dommage qu’en vieillissant on n’a plus beaucoup de rêves.

Rêver de devenir chanteuse.

Je rêve de devenir plongeur.

Mon rêve est de partir et de vivre en Guyane, en Inde, dans ces lieux si beaux.

J’aimerais vivre avec des dinosaures.

La vie est courte, réalisez tous vos rêves, c’est très important.

Je continue de rêver pour poursuivre le chemin que les femmes de ma famille n’ont pas pu continuer.

Je continue de rêver chaque jour grâce à mon éternelle âme d’enfant.

Je rêverai un jour de conduire la Locomotive 141 R.

Mes rêves et la continuité de mes rêves, c’est de vivre des moments formidables avec mes enfants et mes petits enfants. Et pour poursuivre mes rêves je veux aller en Amérique.

 

SISMIKAZOT x FAUVE @ GRANVILLE (54)

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