Avant de commencer l’été, une nouvelle page s’ouvre devant nous. Elle continue d’écrire notre aventure et contribue à enrichir l’histoire de Sismikazot. Qui dit nouvelle page, dit nouvelle aventure et tout ce qui va avec, tout ce que cela comporte. Depuis plusieurs mois, nous avions « booké » ce projet et pour être très honnête avec vous, nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait jusqu’au jour où nous sommes arrivé sur place. Nous avions eu quelques images du mur, une ou deux visio mais pas plus. Mais soyons clair, ça fait du bien de ne se faire aucun plan sur la comète, et c’est aussi souvent comme ça que les belles histoires commencent. Nous pourrions donner comme exemple, ce genre de soirée où l’on a pas envie d’aller et qui au final se passe merveilleusement bien.

Entre fin juin et début juillet, aux portes de l’été, dans ce sas de décompression avant la période estivale, nous nous retrouvons dans le petit village de Châtel-Montagne pas très loin de Vichy dans l’Allier (03). C’est la toute première fois que nous allons dans cette région, dans ce secteur de notre douce France. Nous ne sommes pas surpris, nous avons adoré. Malgré nos journées bien remplies de travail, nous savons très vite, au bout de quelques heures que nous avons déjà envie d’y retourner dans nos vies personnelles. Mais profitons de l’instant présent et de ce que nous allons vivre ici au fil des jours.

La météo n’a pas été stable mais en l’espace de dix jours, nous avons eu l’honneur de connaître les quatre saisons. Le premier jour, le soleil nous accueille les bras ouverts, les habitants de Châtel Montagne aussi en ce dimanche d’élection départementale et régionale. Nous avons pour mission de peindre le mur à l’entrée du village lorsque l’on arrive de Vichy. Notre peinture murale sera accompagnée de trois œuvres sur des panneaux de fer soigneusement confectionnés par Gilles et Pascal les « cantonniers » hors pairs. Ces trois réalisations plongent spectateurs et regardeurs dans les trois éléments qui animent nos réalisations, abstrait, figuratif et écriture.

Comme nous le faisons souvent, nous avons décidé dans un premier temps avec l’œuvre abstraite de faire un lien direct à la fresque principale. La composition et les couleurs se rapprochent de celle ci. Elle existe pour nous comme un souvenir que l’on pourrait garder où certains contours se sont effacés avec le temps. Nous conservons alors certaines saveurs, odeurs ou simplement souvenirs comme marqueurs d’une histoire. La partie annexe figurative est une partie plus resserré tel un zoom sur le sujet. Et le « tableau » d’écrits rassemble la parole des habitants qui ont répondu à nos questionnaires.

Au travers de la « via ferrata », de l’escalade, la peinture principale parle de compétition avec soi-même, de se surpasser, de victoire sur la vie. Elle parle de ce moment présent juste avant une action quelle qu’elle soit, cet instant de concentration, ce sas de compression avant un moment fort, voir même de décompression après celui ci. Le personnage est grimpeur, prof d’escalade. Nous l’avons rencontré à Cahors lors du projet de la fresque réalisée sur la bibliothèque départementale. Chaque matin nous le voyons en route vers les falaises et les spots de grimpe pour sa passion personnelle ou pour donner des cours. Nous nous sommes spontanément dit qu’il ferait un très bon modèle pour ce que nous recherchons. Le hasard et le quotidien fait souvent bien les choses. L’ambiance, les couleurs, son implication, son camion jaune qu’il traîne comme une carapace en guise de maison, cette maison qui roule et sa passion débordante nous ont séduits, tout comme les sushis soigneusement préparés par son père et la gentillesse de sa mère. Enfin, avant de grimper, Antoine, de son prénom se met des straps sur les doigts, de la poudre dans les mains. Cette action renforce l’image, la thématique et tout ce dont nous avons voulu parler. Il y a une notion de douleur, de mal mais aussi et surtout de force, d’effort, comme si à cet instant présent rien ne pouvait lui arriver et de ce fait à nous non plus.

Pour appuyer cette intention, nous avons décidé d’écrire :

« Cette parenthèse où tout était possible… »

Nous avons vécu et passé un merveilleux séjour de travail à Châtel Montagne avec des gens simples, ouverts, fiers de leur région (sans trop en faire non plus…) Les néo ruraux ou toutes les personnes avec des maisons secondaires sont les bienvenus. L’ambiance est bonne. Très vite on se sent bien. Châtel Montagne est en plein développement et ça se sent. Le maire et toute son équipe sont en train de redynamiser leur village.

Nous mettons un point d’honneur sur l’accueil et n’oublierons jamais toutes les rencontres improvisées ou provoquées, au pied du mur, dans le local juste à côté de la fresque, au bar, au resto ou au café, à la maison de loisir ou chez l’habitant.

Nous avons dormi toute la semaine chez un monsieur de plus de 90 ans, qui nous a offert un espace très confortable à l’étage de sa maison de type montagnarde. La vue et les réveils étaient incroyables et merveilleusement différents chaque jour. Nous avons l’impression d’être chez un de nos grands-pères avec des espaces remplis de livres, de jeux de société, de cartes et guides du monde, des vieux appareils argentiques et un tout petit salon qui donne cette envie de rester flâner pendant des heures. Même si nous y avons passé que très peu de temps, nous en garderons de très beaux souvenirs. Nous arrivons souvent très tard, pour repartir tôt mais la douceur et la justesse des mots de notre hôte nous ont donné la puissance de réussir notre projet.

Chaque jour est rythmé par nos travaux artistiques mais aussi et surtout des repas bien complets, trois par jour très exactement. Tout mis bout à bout, ça monopolise du temps, mais que nous apprécions particulièrement. Chaque matin nous prenons le petit déjeuner chez Rosine, à 8h30. Parfois nous arrivons un peu plus tôt. Son mari est en train de dresser les tables. On travaille sur l’ordi ou sur papier de longues minutes avant l’arrivée des croissants et du café chaud. Chez Rosine, c’est un bar comme il n’y en a plus beaucoup. On peut dire un bar pas comme les autres. Directement sur la rue principale du bourg, les deux tables et les six chaises sont soigneusement installés à l’extérieur. Il y a des parasols contre le soleil mais aussi parfois contre la pluie. On remarque très vite une grosse boîte à livre bien remplie, plein d’indications et d’autocollants sur les vitres et de la vigne vierge qui fait un joli cadre naturel à la porte d’entrée. Une cour accueille les habitués ou les touristes égarés en recherche de sensations fortes ou simplement de douceur. Il y a de grandes chances pour que Rosine s’installe avec vous à table pour profiter autant du moment que vous. Sous le porche qui mène à cet espace dessus ou dessous plusieurs tables de jardins il y a une brocante improvisée où chaque objet raconte une histoire vieille comme l’église ou datant du début de ce siècle. Avec beaucoup de chance, s’il n’est pas près de vous c’est que le mari de Rosine est en train de dévorer des vinyles de rock et vous pourrez en profiter tout en dégustant un jus. Chez Rosine on mange à tout heure. Sans elle Châtel Montagne ne serait pas pareil.

Le petit déjeuner nous tient jusqu’au repas du midi qui lui aussi nous est servi dans un endroit atypique que nous n’avons pas l’habitude de voir mais qui vaut réellement le détour. Vous pouvez faire de nombreux kilomètres pour vous y rendre. Cet endroit est incroyable. C’est un camping / restaurant. Son nom est Passion Rétro. Tout est dit dans le nom du lieu. Denis, accompagné de Isa sont des passionnés de vintage, bien avant que ce nom soit devenu à la mode, bien avant que les brocantes et les achats « seconde main » soit une habitude d’un grand nombre de nous tous. Ce qui est incroyable dans cet endroit c’est que même au bout de la cinquième fois où vous y rentrez vous découvrez encore et encore des nouvelles choses. Denis est un grand collectionneur, un accumulateur, un passionné, un brocanteur, aussi cuisinier, il vous sert ce qu’il aime et ce qu’il mange. Comme sa déco, les assiettes sont bien remplies. Les vieilles voitures garées sur le parking ne sont pas là que pour faire jolies, elles lui servent comme toutes les mobylettes qu’il a. En plus des repas le midi, nous avons passé énormément de temps dans l’arrière-boutique où tout est en vente, brochures commerciales d’époque, autocollants, pin’s, portes clés, voitures miniatures… Même si Denis est fan de Citroën, il y a de tout et pour tous les goûts. En guise de déco des dizaines et des centaines de plaques émaillées, de bidons d’huile tapissent les murs. Vous l’aurez compris on s’est plutôt plu et bien entendu avec le patron. On reviendra.

Et vu que l’on fait la moitié de notre texte sur la bouffe, nous continuons dans cette dynamique. Le dernier repas de la journée, celui du soir se passe chez l’habitant. Chaque soir nous allons manger dans une maison différente avec des gens, jeunes et moins jeunes mais incroyable à chaque fois. Nous ne sommes pas prêts d’oublier les tartes de Suzy et la vue incroyable de sa maison, les verrines et le repas chez les grands parents de Fleur avec des discussion sans efforts qui donnent de l’espoir sur l’espèce humaine et le futur qui nous attend, chez Mr le maire ou les membres de sa famille et tous ses autres repas qui nous ont rempli la panse et auxquels nous pensons encore chaque jour.

Aux vues des photos et de ce texte, nous espérons que vous capterez la douceur de ce séjour rempli de bienveillance, d’amour et de partage. Ça faisait bien longtemps que les gens n’avait pas accueilli notre travail de manière simple et douce sans se sentir oppressés ou comme si on leur impose quelque chose. Ça faisait bien longtemps qu’on avait pas ressenti ça, voir dans les yeux l’importance de l’art et de la culture, simplement se dire qu’ils ont de la chance et que c’est juste trop bien d’échanger tous ensemble. Ça fait du bien de ne pas se prendre la tête et de se laisser porter au fil des jours par un quotidien loin d’être morose mais artistique, heureux et avec l’envie de croquer le monde, aller de l’avant et faire découvrir notre art et notre peinture comme on l’a toujours fait.

Nous tenons à remercier des centaines de personnes mais il y a de grandes chances que l’on oublie des gens alors nous allons simplement essayer de faire des groupes en espérant vraiment que vous vous retrouverez dans l’un d’eux.

Tout d’abord, nous remercions de tout cœur Jean Claude maire du village pour nous avoir découvert sur l’internet et avoir mis tout en œuvre pour que ce soit nous qui réalisions ce projet. Merci infiniment à toute l’équipe du conseil. Merci pour votre accueil, votre bienveillance et vos échanges, c’était top. Merci d’être passés chaque jour au pied du mur pour nous donner les cartes et les clés pour avancer, pour avoir discuté avec nous et merci aussi pour tous les dîners.

Merci à l’office de tourisme qui a couvert l’événement, diffusé les infos et inondé les réseaux sociaux avec des stories. Merci à eux d’être passés nous voir tous les jours.

Merci à la météo, parfois capricieuse mais qui nous a donné l’opportunité de finir en temps et en heure notre réalisation. Heureusement quand même que parfois nous étions en intérieur.

Merci infiniment à tous les gens qui ont répondu au questionnaire que nous avons distribué, un peu en retard mais toutes les réponses nous aider à construire la fin du projet.

Pensées à Loïc et son collègue qui ont été nos colocataires toute la semaine et avec qui on a bien rigolé, tout en étant très productif bien sûr.

Merci encore et encore à toutes les personnes chez qui nous avons dîné. Merci Gilbert pour nous avoir accueilli chez lui. Merci le camping Passion Rétro et le café chez Rosine pour les repas du matin et du midi.

Un immense merci aux hommes de la situation, aux meilleurs cantonniers de France, meilleurs gars  toutes catégories confondues, Pascal et Gilles (Yessssss) sans qui nous n’aurions pas pu terminer nos travaux à temps. Merci parfois d’avoir fait des petits quarts d’heure de plus. Grâce à vous, nous avons eu de supers tableaux à peindre et grâce à vous ces tableaux-là ont été installés lorsque nous sommes partis.

Merci à la médiathèque de Châtel, à la maison des loisirs avec qui nous avons fait un atelier le samedi, merci à tous les participants, c’était génial et nous avons passé un super moment, vraiment.

Merci du fond du cœur à tous les gens qui sont venus nous voir, tous ceux avec qui nous avons échangé, qui ont fait vivre l’aventure, qui en ont parlé autour d’eux. Merci à ceux qui se sont arrêtés, ceux qui nous ont donné de la force par la nourriture, les rigolades, les discussions. Merci aux cyclistes, aux voitures, aux coups de klaxons… Une fois de plus, nous sommes sincèrement désolé si nous oublions des gens, c’est parfois dur de penser à tous mais une chose est sûr les moments vécus ici resteront gravé à tout jamais. Merci Châtel Montagne.

On n’est pas prêts de vous oublier.

Nous terminons avec un texte que nous avons écrit à la sortie du village sur un des panneaux. Toutes les phrases appartiennent aux habitants et c’est grâce à leurs contributions que nous l’avons composé. Il y a un petit bout de chacun dans cette œuvre. Merci de nous avoir lu et à très vite pour de nouvelles aventures.

Je préfère la montagne à la mer, elle est plus mystérieuse. On serpente à travers elle, elle change du tout au tout suivant les saisons. J’ai le souvenir d’un village plein d’enfants avec lesquels on jouait jusqu’à bien après le coucher du soleil. On avait encore tout à découvrir, à apprendre. Les rivières, les vallées, les collines, les clairières, les prairies, écouter le bruit du vent dans les arbres. Prendre le temps de vivre. On se souvient des fêtes de la pomme, des matins de printemps, de l’ombre des sapins à travers les chemins… Un peu de nostalgie qui met de la poésie dans nos vies. On s’accorde une parenthèse de relâchement pour mieux rebondir et voir l’avenir comme un océan de possibilités.

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