Retour en début d’année 2020 où nous nous sommes rendus à Montauban pour la réalisation de plusieurs peintures dans un lieu bien spécial. Avant de les partager sur notre site ou via les réseaux nous attendions le bon moment. Depuis déjà deux ans tout ce projet est en attente, en cours de réflexion et en pleine évolution. Suite au Covid, il y a forcément eu encore plus de retard.

Nous partageons aujourd’hui avec vous toutes ces peintures qui nous tiennent à cœur.

Petit retour dans le temps, grand retour en arrière…

Janvier 2020, après une longue pause hivernale, nous voilà de retour à Cornac dans notre atelier pour préparer notre futur chantier, le premier de de cette nouvelle année. C’est à Montauban que nous nous retrouverons le mardi dès la première heure. Nous avons déjà hâte et nous sommes surtout très heureux de voir ce projet aboutir.

Il y a plus d’un an nous faisions la rencontre de Philippe qui nous a connus par le biais de son amoureuse qui vit dans le Lot, qui est instit dans le village où Maxime, un très bon ami à nous, est cantonnier. Bref, ça a toujours été un peu comme ça pour nous, quelqu’un qu’on connaît ou avec qui nous avons travaillé qui parle de nous à quelqu’un qu’il connaît ou avec qui il a travaillé et qui parle de notre travail et de notre démarche… De fil en aiguille, nous sommes amenés à faire la rencontre de gens qui connaissent des gens qui connaissent d’autres gens… Il faut dire ce qu’il est, le feeling passe très vite avec Philippe. La première rencontre se passe dans notre atelier. Nous avons même l’impression que nous sommes potes depuis longue date. La musique, la bouffe, les voyages, le vintage, les choses belles et les belles choses, les trucs simples, le partage et la découverte… tant de choses nous réunies. Même s’il y a une petite différence d’âge, ça ne se voit pas. Nos implantations capillaires sont quasi identiques. On sent le truc sincère et sérieux, mené avec passion. Les photos du lieu sont belles, le projet ambitieux, Philippe sait et aime en parler, tout ça avec goût. On attend des nouvelles et nous ne savons pas trop si cela verra le jour, un jour mais ce qui est sûr c’est que nous gardons espoir. Son projet est simple mais tout de même ambitieux. L’endroit où tout se passe est une ancienne gare routière qui fut aussi restauré en halle pour le marché couvert. L’idée de Philippe, ancien restaurateur connu et reconnu par les Montalbanais pour son resto, sa déco vintage, son accueil… Ici, il voudrait réunir plusieurs Food truck, tous aussi ambitieux que lui, atypiques et tous différents. Chaque « client » pourra choisir son menu, ses petits plats et les déguster dans une ambiance singulière, particulière et conviviale. La hauteur sous plafond, les poutres en pierre, les centaines de fenêtres qui dansent dans le ciel rendent cet endroit unique. Philippe veut y ramener de l’art et de la culture et c’est en partie pour cela qu’il a fait appel à nos services. Nous avons carte blanche sur plusieurs endroits : des planches en bois qui trouveront une place au dessus du bar, des murs en placo et même des paravents spécialement conçus avant notre arrivée nous servirons de support.

En tout, nous avons sept espaces à peindre. Nous allons faire une œuvre principale (celle au dessus du bar et les autres supports seront réservés à la réalisation d’œuvres abstraites ou de tableaux remplis d’écritures.

Au fil des heures, nous retrouvons vite cette saveur que nous avions perdue, celle de s’enfermer dans un endroit à l’abri des regards indiscrets et des curieux. Seuls, face à nos toiles pour simplement penser à créer. Agir sans se poser de questions, tous les deux pour travailler et construire nos œuvres étape par étape. En arrivant, nous avions une idée précise de ce que nous voulions réaliser sur l’œuvre « principale » mais plusieurs peintures abstraites se créeront en harmonie avec le lieu.

Nous sommes aujourd’hui très heureux et très fiers d’avoir participé à ce projet et d’être arrivés au bout. En plus de toutes les réalisations, nous avons rencontré des personnes formidables et vécu des moments inoubliables.

C’est drôle parce que nous sommes restés que quatre jours mais les anecdotes et les moments hors du commun se sont enchaînés.

La liste de tous ces moments depuis le début de notre « courte carrière » est énorme. A chaque fois, nous nous disons qu’il est impossible qu’il nous arrive de nouvelles choses, la preuve ici de l’inverse.  Alors que nous avions eu de belles nouvelles en ce lundi de reprise, Rémi dit spontanément la journée ne peut pas durer ainsi… C’est bizarre, car il faut savoir que nous avons une poisse monumentale. On fait avec et on garde la tête haute malgré tout. On ne baisse jamais les bras. Il n’a pas eu tord. 19H, alors que nous avons passé notre journée à préparer le terrain, protéger au mieux chaque emplacement, réparti les couleurs…

Nous sommes fin prêts et, comme au début de chaque aventure, nous allons tracer certaines œuvres à l’aide de rétroprojecteur. Vous savez les mêmes qu’on avait à l’école ou au collège. Celui-là, nous le traînons depuis un petit moment et on l’aime trop. Au moment de l’allumer les ampoules ont grillé. On s’est tous regardés. On pourrait tracer sans rétro mais nos maquettes et notre travail préalable ont été conçus pour travailler de cette manière.

Nous réfléchissons à plusieurs possibilités. Premièrement, nous pensons que si on change les ampoules cela va fonctionner mais le souci qui s’offre vite à nous est de trouver un magasin et surtout la possibilité, pour que celui-ci ait une ampoule comme on cherche, soit quasi nulle. On se penche alors vite vers une autre solution et nous pensons à aller sur le Bon Coin. On oublie les ampoules et nous recherchons directement un rétroprojecteur. Il n’y en a pas beaucoup mais nous en trouvons un à Castelsarrasin à trente minutes de Montauban. L’annonce a été postée en décembre (nous sommes en février). Nous avons quand même peu d’espoir. Nous appelons direct le mec en priant le ciel et croisant tous les doigts que nous possédons sur nous. Le monsieur répond et la chance change de camp. Le rétro est toujours dans son garage. Il nous attend. On prend la route très rapidement avec Philippe. Mais nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Alors que Rémi reste sur place pour préparer et finir de mettre en place le chantier, Paul et Philippe vivent un moment d’anthologie. Les mots ne seront jamais assez forts pour décrire ce moment. Nous arrivons chez un gars qui nous ouvre sa maison et son garage. Le rétro fonctionne nous l’achetons, puis nous regardons la merveilleuse 205 GTI que la personne possède et Philippe s’interroge sur une maquette qui prend la moitié de la pièce, un garage miniature. Nous lui demandons alors s’il met des voitures miniatures lorsqu’il nous amène dans une seconde pièce remplit d’étagères avec une collection interminable de petites voitures et aussi de pin’s à ne plus savoir quoi en faire… Bref, le rendez vous rétroprojecteur qui aurait pu durer que quelques minutes s’est momentanément prolongé et nous vous passons tous les détails…

Voilà, c’était une petite anecdote parmi tant d’autres. Nous ne vous parlerons pas de la fourrière et autre petit désagrément de stationnement… Les heures passées confinées dans la halle de Montauban, les longs repas chez Philippe, le manque de sommeil, les kilos de peintures déversés, les doutes, les joies, les retrouvailles avec nos best friends et tant de choses encore et comme toujours qui fleurissent et tapissent notre cœur d’amour.

Pendant ces quelques jours dans la ville d’Olympe de Gouges, nous avons pris le temps d’écrire quelques lignes qui ont nourri nos œuvres, nous avons pris le temps de nous plonger dans de longues lignes de réflexion, de nous voir dans ces lieux de partage, ces endroits où parfois les gens sont seuls ou unis, à deux ou en groupe, là où le mouvement est omniprésent, le voyage est partout, si tu es là ce n’est pas pour y rester. On parle ici des quais de gare, des stations de trains ou encore des halles de marché, toutes ces choses que ce lieu a déjà abritées. Vous trouverez ci-joint quelques lignes que nous avons écrites et qui nous ont aidées à finaliser certaines de nos œuvres réalisées à Montauban. Merci encore pour votre attention et longue vie à « La gare routière », aux futurs moments d’échanges et de partage, de création et de convivialité… Nous serons les premiers au rendez-vous pour venir découvrir ce petit bijou…

Avant de vous quitter sur quelques uns de nos textes, nous tenions à faire la plus grande des dédicaces à Philippe et Fred futurs acteurs de ce projet. Merci les gars pour votre accueil et toute la confiance que vous nous avez apportés. Big-up La gare routière, lancement long et difficile, maintenant à vous de jouer et de marquer le plus de buts possible, la deuxième et la troisième mi-temps sont très longue. Il y en a même une qui ne peut jamais s’arrêter…

Une belle pensée aussi à Jaloul, Mika, la petite Ellie, nous vous aimons fort les amis, à Emilie et tous les gens que nous avons croisés  sur cette aventure !!!

PRES DE MOI

« Tout est là près de moi, mes valises de souvenirs, quelques habits sans importance et des rêves plein la tête. Je n’ai plus rien à perdre et plus aucune limite. J’ai ta photo dans ma poche avec sa bordure dorée. Les clés de notre ancienne maison ont dessiné des formes sur ton visage. J’ai quelques pièces que je prendrai soin de recompter avant de m’acheter un magasine ou un brin de nourriture. Les mouvements de foule se floutent autour de moi et j’apprécie chaque couleur comme si elles composaient plusieurs tableaux et faisaient parti d’une exposition, constamment en mouvement. C’est beau. Je ne vois plus que toi même si tu n’es pas là. Je t’attends et je pourrais le faire jusqu’à ce que tu viennes et que tu sautes dans mes bras. Je sais éperdument que ce n’est pas possible mais cette éventualité restera toujours présente. Tu vis dans ma mémoire et à travers nos souvenirs. Les aiguilles de la grande horloge s’amusent à sauter de chiffre en chiffre mais quand je suis ici, les minutes n’existent plus. Chaque numéro est spécial. Il y a celui où je me lève, celui où je m’endors, celui où j’ai faim et un où parfois je mange et tous les autres pour rêver, voyager, m’évader et penser continuellement. Parfois le temps s’arrête. J’ai quelques livres pour courir le monde dans une de mes sacoches, les classiques de mon cœur, ces remèdes contre la tristesse et la nostalgie parfois présente. J’aime la mélancolie, celle des jours gris et celle des ciels bleus. J’ai aussi avec moi ce petit album photos vert que j’amène partout. Il me fait vivre plein de bons moments avec ceux que j’aime mais s’ils sont loin ou qu’ils ont déjà pris le train.

Parfois certaines musiques diffusées dans le pub de la gare centrale m’enveloppent d’une couverture d’amour. Je me sens invincible et fort, libre et heureux sur la mélodie de mon enfance.

Cet homme me regarde, son visage me plaît et son sourire me rassure. Il a un tee-shirt blanc avec une phrase noire en anglais qui m’interpelle et m’amène à me poser des questions durant plusieurs jours.

Je suis toujours au même endroit comme si jamais je ne trouvais la force de bouger mais le moindre petit recoin de ma ville me fait faire le tour du monde.

Puis, il y a tous ces petits cahiers, les vieilles feuilles jaunies par le temps et les couvertures cartonnées abîmées à force de les sortir de mon cartable. J’y ai écrit des centaines d’histoires lorsque j’étais heureux ou rempli de tristesse. Nos chemins se sont séparés malgré nous, mais tu restes présente sur l’étagère de mon cœur, la poussière et le soleil deviendront alors tes meilleurs amis. »

« Ce soir je suis resté assis pendant des heures. La musique dans ma tête ne s’arrête plus. J’ai fait le tour du monde sans même imaginer me lever de ma chaise. Le bruit de fond me dérange peu et je t’écoute parler sans effort. La quête du bonheur constant présent nous en éloigne parfois et nos plus beaux moments ne sont pas écrits avant de les vivre. C’est impossible. Je ferme les yeux puis je revois ton sourire courir sur la plage, nos repas interminables à refaire le monde tel des ados. Plus la vie nous amène dans des sentiers atypiques plus je me sens vivre. Je souris et les vides se remplissent. Habitudes et voyages ne font pas bon ménage. »

« Lorsque je regarde le monde avec mes yeux d’enfant rien n’a changé.

Les souvenirs s’entassent, s’empilent et parfois tout se mélange sans aucun sens.

Les saveurs du monde et les multitudes d’images ne font plus qu’une.

Des odeurs et des couleurs inoubliables des villages au milieu de la ville, des rues étroites, des inconnus qui galopent et des lieux remplis d’inspirations.

Je me sens si petit face au monde entier et tellement grand à tes côtés. »

« Ni l’un ni l’autre ne pouvait parler. Notre regard triste s’envole parfois le long du quai. Nous apprécions le silence même au milieu de la foule. Tu me serres la main comme si tu n’allais jamais la lâcher. Nos souvenirs défilent avant ce moment qui sera sans doute le départ pour notre dernier voyage. »

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