Notre premier week end au Maroc s’est déroulé à Casablanca. Après une semaine chargée en émotion à l’école Mohamed Benabdallah et une fresque finie comme nous le voulions et dans les temps que nous nous étions donnés. A peine fini, le vendredi soir direction Casablanca, à une heure de route, pour faire les premières esquisses et préparer le mur.

Sur ce projet, nous avons voulu rendre hommage aux hommes marocains, pères de famille, dans le droit chemin, simples et qui se lèvent tous les jours pour faire avancer les leurs. Pour cela nous avons voulu réaliser Bouchta Elguennouni, qui est chauffeur de bus à l’école de Salé là où nous avons passé la semaine. Bouchta a passé beaucoup de temps avec nous, intrigué par notre fresque mais passionné. Il a un logement depuis de nombreuses années sur l’école avec ses trois femmes, (enfin sa femme et ses deux filles…) Nous voulions un homme marocain et avec du recul ça coule de source que ce soit lui qui décore un des murs des anciens abattoirs de Casablanca.
Par la suite nous cherchions des écrits… Au Maroc nous nous sommes rendus compte que les gens disent très souvent inch allah (si dieu le veut…).
Jeunes issus de la culture hip hop et rap des années 90 nous avons forcément été marqués par le premier album de la Fonky Family, dont les membres du groupe sont issus de Toulouse et Marseille. Et ce premier album s’intitule Inch Allah, nous recherchons alors des paroles, afin de voir celles qui nous collent le plus à la peau. Il y a un titre qui nous parle encore plus que d’autres c’est Cherche pas à Comprendre. Le refrain dit… « Dans la vie cherche vraiment pas à comprendre, faut que tu vois ça, que tu le vives, les jeunes vont te surprendre. On a du ____ à revendre et du ___ à prendre, ____ nous ____ et tu le sais on va se défendre. »  Puis les couplets de Donchoa Sat Menzo et LeRatLuciano qu’on vous laisse découvrir sur internet ou réécrit sur notre mur, sur le net ou directement à Casablanca si vous êtes dans le coin. Puis le titre, Cherche pas à Comprendre, explique beaucoup de choses et laisse une part de mystère.
Pour certains c’était la première fois qu’il voyait du graffiti, pour la plupart la première fois qu’ils voyaient des gars peindre au sol. Du coup ils se posaient la question entre eux pourquoi et se répondaient Cherche pas à Comprendre. Puis aussi le fait de peindre un gars que nous connaissons peu mais qui nous a forcément marqués, ça répond bien, au fond parfois il ne faut pas chercher à comprendre. Avec Bouchta on avait aussi envie que toute l’école de Salé soit encore un peu derrière nous sur le projet d’après.
Puis dernière chose ce texte colle vraiment à l’état d’esprit des jeunes au Maroc, puis encore plus aux jeunes qui vivent ou créent aux anciens abattoirs de Casa qui est devenu friche culturelle. Nous avons rencontré une équipe de circassien ColoKolo, des jeunes talentueux qui se bougent et se motivent pour bouger et faire ce qu’ils aiment. On les a vu le premier jour et pendant la réalisation de la fresque ils étaient à Toulouse puis Marseille. C’est une sorte d’échange mais sans le savoir.
Le vendredi soir on est tous un peu malade en rentrant de Casa, mais après une bonne nuit de sommeil, nous voilà repartis pour un tour. Les anciens abattoirs de Casablanca sont devenus une fabrique culturelle. Les murs de celle ci sont des espaces voués à la création artistique, un lieu toléré sans être officiellement reconnu. Julie (je ne la présente plus) avait déjà fait plusieurs repérages pour nous et nous avons, avant de peindre, vu le régisseur, Tarek. Nous avons choisi le mur et présenté notre projet. Le samedi il y a une journée particulière, plus de 600 associations se réunissent pour discuter d’une certaine évolution de la culture à Casablanca. Bref il y a des gens, des locaux et sans que ce soit prévu nous pouvons montrer encore plus notre travail. Nous rencontrons plein de personnes et faisons de belles connaissances.
Le matin un des gardiens de la fourrière des animaux (oui il y a une fourrière pour tous les animaux dans la rue qui sont perdus, à l’abandon ou mal garés) vient nous voir on lui montre la photo du personnage que nous réalisons et il nous dit « Mais c’est Bouchta chauffeur de bus… » Le monde est petit et le Maroc aussi.
Puis le dimanche, dernier aller retour Rabat Casablanca, la fresque est bien avancée. Un gros mur en deux jours, qu’est ce qui nous a donné des ailes? Certainement un mélange entre l’air marocain, le soutien de Julie, les câlins de Salomé, les clins d’œil des chats dans la maison où nous vivons, les sourires des jeunes encore présents dans nos cœurs… On sait pas mais ça avance vite. Ce jour, il y a une école d’architecte qui réalise un projet avec des plasticiens français qui sont là pour eux. On rencontre tout le monde et tout le monde apprécient notre travail. Mr Bchir vient nous rendre visite, on avait déjà essayé sa mobylette la veille, il nous demande si jamais il nous reste un peu de peinture on peut lui laisser un fond de bombe pour repeindre sa mob.  Il est fou lui, il venait de nous offrir du thé à la menthe, de l’huile d’olive et du pain. La commande est passée on se fait une pause sur le gros mur et customise la Pigeot au mieux, petit vert foncé deux trois touches de couleurs. C’est la Peugeot SISMIKAZOT pour la famille BCHIR. Puis le soir une fois tout terminé nous sommes allés faire deux graffs à l’entrée de sa maison, nous peignons et on entends toute une famille en train de se mettre sur son 31 pour la photo de groupe. Mr BChir cire ses pompes et sort son plus beau veston. Nous réalisons la photo de groupe pour immortaliser le moment avant de repartir sur Rabat. Les bisous et les accolades faites nous repartons avec une fois de plus des souvenirs pleins la tête et de belles photos dans le disque dur de notre vie. Il est important de souligner que Mr Bchir a insisté la veille pour réaliser sa prière devant nous. Il sait que ce qu’on nous montre à la télé en Europe n’arrange pas la popularité de l’islam. Il nous a simplement dit que nous soyons chrétien, juif, jaune, bleu la notion de respect et de partage, d’aimer les autres et de prendre soin des siens reste le plus important.
Comme à notre habitude nous finissons ce reportage par des milliards de remerciements…
Des millions de mercis à Julie Clément, pour nous avoir accompagnés lors de ce périple, Casa était une très belle étape, peut être au fond un peu plus reposante pour toi que les 1200 élèves, puis entre nous caché derrière tes lunettes noires et sur le canapé qu’on t’avait confectionné t’étais pas trop mal?
Merci à Yassine et tous les Colokolo qu’on a  rencontrés ou pas. Vous pouvez nous embaucher maintenant que vous avez vu un petit bout de notre talent de circassien, big up Simohamed et tous les autres, c’est grâce à vous si on a peint à Casa.
Merci à Tarek, régisseur des lieux, à Casa Mémoires, voilà vous avez un petit bout de nous chez vous. On reviendra inch allah.
Pour toute la famille Bchir, faites tourner la mob dans tout Casablanca et dans tout le Maroc. Merci pour votre gentillesse et votre hospitalité, c’était un grand plaisir de vous rencontrer et de partager ces bons moments avec vous.
Big up à tous les gens qu’on a rencontrés durant ces deux jours, plein de personnes très intéressantes. Je ne me lance pas dans la liste de prénoms mais on ne vous oublie pas on vous voit sur facebook et instagram…
Un gros merci à South painters, notre dealer de couleur toulousain pour nous avoir laissé des casquettes pour offrir aux jeunes (et moins jeunes) marocains. Croyez nous vous avez fait des petits heureux, parfois même il y a eu à cause de vous des débute de bagarres. Big up Gégé, Narbé et toute l’équipe.
Aux plasticiens, futurs architectes, professeurs, au resto Chez Ali, aux putains de burger du dimanche soir, à tous les animaux, aux enfants, aux parents, au gardien…. Encore merci.
أول نهاية األسبوع في المغرب مر بالدار البيضاء. بعد أسبوع حافل في مدرسة محمد
بن عبد هللا حيث المشاعر الفياضة، و بعد االنتهاء من الفريسك الذي اردنا القيام به
وفي الوقت الذي حددناه بالضبط . بعد انتهائنا للتو ليلة الجمعة اتجهنا نحو
الدار البيضاء، تقع على بعد ساعة، للقيام بالرسومات األولية و إعداد الجدار.
في هذا المشروع ، كنا نريد أن نكرم الرجال المغاربة، آباء األسر، على طريقهم
الصحيح والبسيط حيث يستيقظون كل يوم ليتقدموا لألمام. لهذا أردنا وضع  » بوشتى
الكنوني » وهو سائق حافلة لمدرسة سال التي قضينا بها أسبوعا.
بوشتى، قضى الكثير من الوقت معنا، و قد كان مفتونا بروسوماتنا و بشغف كبير.
فهو يقطن سنوات عديدة بالمدرسة مع زوجاته الثالث )أي زوجته وابنتيه… ( كنا
نريد رجل مغربي بشكل طبيعي يزين جدران المسلخ القديم في الدار البيضاء.
بعد ذلك كنا نريد البحث عن كتابات أخرى… ففي المغرب وجدنا أن الناس كثيرا ما
يقولون )إن شاء هللا …(
كانت ثقافة الشباب « الهيب هوب » و ا »لراب » لسنوات التسعينات كان من الضروري أن
يثير انتباهنا أول ألبوم ألسرة » فونكي  » حيث أعضاء المجموعة كانوا من تولوز
ومارساي. و هذا أول ألبوم تحت عنوان « إن شاء هللا »، ونحن نبحث عن كلمات لمعرفة أي
منها تكون أقرب أكثر من الجلد.
هناك عنوان يكلمنا أكثر من غيره وهو « ال تبحث عن الفهم ». مقطع يتكرر يقول…
« في الحياة ال تسعى حقا للفهم، عليك أن ترى ذلك، تعيشه، الشباب سوف يفاجئونك.
من المقرر _ البيع _ األخذ _ نحن _ وتعلم أننا سوف ندافع عن أنفسنا ».
بعد ذلك األزواج دونشوا سات مونزو و راتليسيانو لنترككم لالكتشاف على
شبكةاالنترنت أو المكتوبة على جدارنا على النيت أو مباشرة بالدار البيضاء إذا
كنتم بالمنطقة. ثم العنوان « ال تبحث عن الفهم  » يوضح الكثير ويترك قليال من
الغموض .
بالنسبة للبعض فقد كانت المرة األولى التي رأوا فيها الكتابات على الجدران،
الكثيرون ألول مرة يرون أشخاص يرسمون على الحائط لذلك يطرحون السؤال على بعضهم
البعض : لماذا ؟ و يجيبون أنفسهم « ال تبحث عن الفهم » و أيضا رسم لوحة لرجل
نعرفه قليال ولكن كان قد ترك بصمة لدينا، هذه إجابة جيدة. بداخلنا أحيانا ال يجب
أن نفهم. مع بوشتى كنا نريد أيضا أن مدرسة سال بأكملها تبقى قليال وراءنا في
المشروع المقبل .
ثم آخر شيء أن هذا النص يظل حقا عالقا في عقول الشباب في المغرب وأكثر بالنسبة
للشباب الذين يعيشون بالمسلخ القديم بالدار البيضاء والذي أصبح مقفر ثقافي .
التقينا بفريق من السيرك كولوكولو وهم شباب موهوبون حركيون يتنقلون لكي يحفزون
على التحرك و فعل ما يحبون . رأيناهم سابقا وألول مرة خالل تنفيذ جدارية كانوا
في تولوز ومرسيليا. هذا نوع من التبادل لكن بدون معرفة.
في ليلة الجمعة مساءا أحسسنا قليال بالمرض بعد عودتنا من الدار البيضاء ، ولكن
بعد ليلة نوم جيدة ، ها نحن نعود مرة أخرى و قد أصبح المسلخ القديم
بالدارالبيضاء صنع ثقافي، حائط مكرس لإلبداع الفني ، مكان للفن دون أن يعترف به
رسميا. جولي ) لن اقوم بالتعريف عنها ( قدمت لنا عدة مسارات كما قابلنا، قبل
أن نرسم اللوحة، المدير طارق ، فاخترنا الجدار و عرضنا مشروعنا.
يوم السبت يوم خاص أكثر من 066 جمعية تجتمع لمناقشة تطور معين من الثقافة في
الدار البيضاء، باختصار هناك أشخاص وأماكن دون علم مسبق تمكننا أكثر تقديم
أعمالنا. التقينا بالكثير من الناس فتم بيننا تعارف جميل.
في الصباح واحد من حراس مكان احتجاز الحيوانات )نعم هناك مكان لجميع الحيوانات
المفقودين والضائعين في الشارع ( جاء عندنا وهو يبين لنا صورة الشخص الذي
رسمنا و يقول لنا  » هذا سائق الحافلة بوشتى …  » إن العالم صغير و المغرب
أيضا.
ثم في يوم األحد كان آخر ذهاب وإياب « الرباط الدار البيضاء »، فالفريسك أصبح في
مرحلة متقدمة . جدار كبير في يومين ، ما الذي أعطانا أجنحة ؟ بالتأكيد مزيج من
الدعم: الجو المغربي و دعم جولي، عناق سالومي ، غمزات القطط في المنزل الذي
كنا نعيش فيه، ابتسامات الشباب التي ال تزال موجودة في قلوبنا … ال نعرف ولكنه
دفعنا لألمام بسرعة.
في ذلك اليوم كانت هناك مدرسة الهندسة تقوم بمشروع مع الفنانين الفرنسيين
الموجودين هناك من أجلهم. التقينا الجميع والجميع قدروا عملنا.
السيد بشير كان يأتي لزيارتنا، و قد استعملنا دراجته النارية قبل يوم واحد،
وقال انه يطلب منا إذا كان ال يزال لديها القليل من الصباغة و يمكن أن نترك له
شيئا منها ليعيد صباغة دراجته.انه مجنون، فكان يأتي ليقدم لنا الشاي بالنعناع
وزيت الزيتون و الخبز.

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