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Avant de vous parler de nous et conter l’histoire de notre pièce, pour vous resituer le contexte, nous allons vous expliquer qu’est ce que Transfert et pourquoi nous sommes présents ici pour la quatrième année consécutive. 

C’est une exposition collective avec plein de graffiteurs venus des quatre coins de la France mais le noyau dur du projet est Bordelais. A la base, ce sont trois collectifs de graffiteurs qui ont monté ce truc : Les Frères Coulures, Peinture Fraîche et Club Mickey. La deuxième année, ils décidèrent de rajouter des personnes à l’effectif de base. C’est comme ça que Azot intégra l’équipe tout comme Landroïd et Mioter cette année là. Lors de la quatrième édition, Sismik arriva aussi dans le truc et nous réalisons une pièce en tant que Sismikazot. C’était un truc sur l’évolution depuis nos débuts et on présentait  des photos de nos toutes premières fresques jusqu’aux dernières. 

Transfert est donc une exposition inhabituelle et originale donnant au spectateur un large panel de découvertes et comme si vous étiez devant votre télévision vous pouvez zapper de l’art, changer de chaîne et apprécier ou pas chaque histoire. Les premières éditions jusqu’à aujourd’hui ont été orchestrées aux Vivre de l’Art, résidence d’artistes au Bassin à Flot, dirigée par le sculpteur Jean François Buisson. Transfert est devenu un rendez vous estival incontournable de l’art alternatif. L’idée à la base est que chaque artiste, graffiteur pour la plupart, puisse sortir d’un cadre conventionnel et faire vibrer sa peinture en l’amenant beaucoup plus loin qu’un tableau ou un mur. Faire sauter ses limites, ne plus en avoir et sortir des frontières est alors devenue le leitmotiv de chacun. On se retrouve alors dans un mélange de sculptures, vidéos, installations interactives, land art, mobilier, performances et chaque artiste a son espace qu’il doit investir du mur au plafond. 

Transfert, n’est plus un bébé et grandit de jour en jour, d’édition en édition. Après les Vivres de l’Art et différents annexes toujours dans la zone de Bacalan, c’est en centre ville, proche de Gambetta que tous les joyeux lurons que nous sommes avons posé nos valises, dans un lieu inattendu, l’ancien commissariat de Bordeaux, Castéja, situé rue Abbé de l’Epée en plein coeur de Bordeaux.C’est le propriétaire, Gironde habitat qui met gracieusement ce lieu à disposotion. Immense, tout n’a pas pu être investi mais une surface au rez de chaussé de 3500 m² a permis de créer un parcours qui assurera aux visiteurs un beau et long voyage. Il y a une quarantaine d’artistes, voici la liste… Anti, Charl, Crewer, Disketer, Gaspar, Hybe, Jone, Kashing, Kegrea, Kendo, Landroïd, Lcdc, Le Coktaïl, Limpio, Manu Faktur, Mena, Mioter, Mozona, Nabis, Obad, Odeg, Repaze, Rooble, Saïr, Sismikazot, Skinjackin, Tack, Trakt, Sike et X-Or. 

De notre côté nous acceptons de participer. Vu que nous n’avons pas eu énormément de temps disponible pour nous déplacer, on nous a envoyé une photo de notre pièce . Les idées ne se bousculent pas mais nous avons envie de mais le thème choisi est quelquechose qui nous tient à coeur. Nous savons que c’est la dernière édition Pour la pièce, il y a eu un tirage au sort de fait et sincèrement pour notre « délire », c’est top. Au fond on a eu de la chance sur ce coup là. Avant de savoir comment nous allions le réaliser nous avions une forte idée du message que nous voulions faire passer.

On avait quand même un peu envie de mettre les gens mal à l’aise. On en a au fond un peu marre que les gens nous colle cette étiquette de clowns et de rigolos. Nous ne sommes jamais tombés dans notre métier pour faire rigoler ou pour amuser les gens. Ce qui ne veut pas dire que nous ne sommes pas des gens rigolos ou que nous n’aimons pas rire, bien au contraire. Mais dès qu’on taff on fait ni du graffiti TF1, ni du graffiti kermesse.

On a alors décidé de parler de cet état que tout le monde fuit. Il s’agit du mal de vivre, du mal être, du désespoir, de la spirale des doutes et des pensées qui peuvent nous envahir…
On veut aussi, bien entendu, montrer du doigt que cela peut nous arriver à tous, ce n’est qu’un passage, il faut garder en tête qu’il y a une lumière au bout du tunnel. 

Nous avons alors décidé d’appeler notre pièce TUNNEL.

Cette installation est un état d’âme.

Le tunnel, le trou noir, le mal être, les doutes, la conscience, les remords, les pensées répétitives, automatiques, négatives… cette force inconnue qui provoque en nous la solitude au milieu de tous, celle qui nous regarde en face, nous hante, nous attire vers le bas, nous empêche de croire au lendemain, de trouver de la force dans nos souvenirs…

Plus rien n’existe, on fuit le jour, la nuit, les gens, la lumière et les cœurs présents.

Ce coucou qui dort dans nos têtes, peut se mettre à chanter en nous, sans prévenir et personne n’est assez confiant pour assurer qu’il y échappera toute sa vie. On se retrouve emmurés en nous-mêmes, par nous-mêmes. Et de la même manière que l’on crée soit-même sa propre prison, on peut s’en libérer.

Gardez en tête coûte que coûte, que la lumière est là. Après la pluie, le soleil. C’est promis.

« On va se casser de ce tunnel, on va prendre notre revanche, gagner la belle. »

Concernant notre oeuvre, il faut savoir que nous avons toujours eu du mal avec les trucs qui sortent des murs, les anamorphoses et nous avons voulu garder notre état d’esprit et toujours continuer à faire ce que l’on aime. C’est donc pour nous un parti pris d’avoir peint que les murs et au final, c’est un choix que le seul vrai objet central soit un lit, assez vieux et avec du vécu. Merci nos grands parents, chez qui on l’a récupéré. Il y a aussi une chaise et une table de nuit présents dans la pièce. Le personnage principal, est une amie à nous, elle représente un état d’esprit mais ce n’est pas forcément elle qui a écrit toute ces phrases qui l’entourent. Nous avons rédigés une partie des textes avec des choses vécues ou des actions fictives. Il y a quelques bouts de textes de Boris Vian, Azot travaillant autour de cet auteur sur une pièce de théâtre et des textes de Fauve, notamment deux textes sont ici présents en entier, « Tunnel » et « Requin Tigre ». Toutes les phrases, lisible ou non se superposent se lisent, se vivent, elles transpirent un vécu, elles saignent sur les murs, un sang noir réalisé avec plusieurs encres et plusieurs médiums… Tout cela est à l’image des idées noires, qui arrivent par flots… Ecrire pour se vider d’un poids, hurler pour l’évacuer. Concernant les couleurs, il n’y en a pas, du noir, du blanc et des gris pour renforcer cette sensation d’oppression.

La scénographie est simple et nous nous étions posés plein de questions, jusqu’où aller? La mise en scène du lit avec des sangles propose plusieurs lectures, le symbole de notre propre emprisonnement, les courroies de cuir évoquant les entraves que l’on se crée soit même. C’est aussi l’idée de pouvoir se mettre des limites, s’arrêter à temps quand la douleur est trop intense. Mais, nous voyons que le lit est vide et cela exprime la sortie du tunnel, la victoire de ce combat éprouvant qui semble à chaque fois interminable.

Cette pièce peut faire référence aux cellules de prison, ou aux chambres d’hôpital psychiatrique mais c’est aussi une prison à ciel ouvert, une boîte dans laquelle on s’enferme, cette boîte sans cloisons mais on qui parfois fait peur de ne pas pouvoir en sortir. Plusieurs photos personnelles ou de l’enfance du personnage principal sont punaisées sur les murs car dans ces moments là pour avancer on se rattache souvent aux souvenirs…

Voilà une petite analyse personnelle qu’on fait peu mais qui permettra peut être que vous puissiez vous aussi vous rattacher à ça, continuer d’avancer dans le tunnel, marcher, courir jusqu’à trouver la sortie pour enfin voir le jour, la lumière et le soleil.

 

Un immense merci à Emi, cette oeuvre lui est forcément dédicacé à 2000%. Tu es une personne qu’on apprécie particulièrement, tu as vu naître nos premiers graffs, tu as fait la couverture de Graff Bombs avec nous et tu suis toujours Sismikazot depuis bien plus que le début. On t’aime. T’inquiètes, tu les auras tes chèvres en Ariège.  

A Claire Duplouy, notre vidéaste, pour la vidéo. T’as toujours été au top, on t’en fait baver un peu mais on en profite tant que la roue n’a pas tourne et que c’est toi qui va nous diriger. Tu déchires. Gros bisous et on a  hâte de voir ton film Vent Sauvage. 

Merci à Fauve, nos gars surs, pour la musique de la vidéo mais aussi eux, sans qui cette pièce n’aurait pas pu exister. Yo les gars on se voit vite pour les festivités.

Une belle pensée à Carole, et pas que pour Transfert.

On repense aussi aux burgers, aux huîtres à Biscarosse, à Badofle qui a suivi l’aventure, à l’ancien commissariat de Bordeaux. A la plage, l’océan, le pays basque, les magasins, le shopping… Et tant de choses qu’on a fait pendant cette expo 😉 A Dorine, Agnes. Un merci de ouf à tous les gens qui ont apprécié ou non notre pièce mais qui ont saisi la démarche, on a vu plein de putain de bons retours super touchants sur les réseaux sociaux et ça fait chaud au coeur. C’est pas évident de se livrer et de parler de choses assez tabous mais ça nous fait plaisir d’essayer de partager ça avec vous. Du coup merci pour tout ça.

Gros big up à tous les potos qui participent à Transfert, on a cité tous les blazes au dessus, et maintenant bon courage pour l’été et toutes les animations qui arrivent. A toute l’asso, désolé si parfois on a pas été réactif à la minute. Merci Céline Lakyle pour la patience que t’as eu et pour ces mails et ces échanges téléphoniques ça a inspiré notre cartel et même le texte de ce site. 

En plus des artistes, beaucoup de personnes gravitent autour de ce projet et c’est aussi notre rôle en tant qu’artiste de leur faire un clin d’oeil car sans ces personnes il n’y aurait pas d’expo… Donc un grand merci à toute l’équipe Adrien Bernichan, Antoine Renom, Apoline Clapson, Aurélie Abadie, Carole Moreau, Céline Lalau, Chloé Goubie, Egué Diamanka, France Guyot, Gawel R, Jean Marie Durieux, Julien Techoueyres, Magalie Laulhere, PaulineLevignat, Rustha Luna, Sylviane Tendron. Et bien sur les nompbreux bénévoles qui participent au projet, Alice, Alix, Amandine, Anna, Anne Lise, Anissa, Aurélie, Barbara, Bastien, Bertrand, Brice, Caroline, Céline, Charlotte, Delphine, Dijor, Dominique, Edith, Elizabeth, Elodie, Gabriela, Gautier, Gros Nico, Idriss, Irène, Juliane, Julien, Laëticia, Léa, Lola, Marie, Marion, Martin, Mathilde, Matthieu, Maugan, Nicolas, Orély, Pierre, Rachel, SARL DVLL, Sébastien, Sophie, Sylvain, Tess, Virginie… et tant d’autres encore.

 

Voilà, pour nous Transfert c’est une belle page de notre histoire qui se ferme. C’était notre dernière édition, en tant qu’acteur bien sur et on espère voir défiler encore plusieurs chapitres en tant que spectateur. Encore mille bravos à toute l’équipe pour tous ces efforts et cet investissement de presque un an. Félicitation et longue vie à votre projet.

 

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